Le rapport « Neutralité carbone 2021 » constate une amélioration mitigée du rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci s’est accentué en 2019 (moins 1,9 %) en raison de la pandémie, mais doit encore pratiquement doubler d’ici 2021 pour s’aligner avec les objectifs climatiques. Le HCC estime que les politiques publiques de réduction des émissions prévues par la stratégie nationale bas-carbone sont insuffisantes, alors que les objectifs européens de moins 55 % d’ici 2030 vont exiger de nouveaux efforts au niveau national.
La réduction des émissions devra atteindre au moins 3,0 % dès 2021 et 3,3 % en moyenne sur la période du troisième budget carbone (2024-2028). Pour la première fois, le rapport annuel du HCC étudie également les enjeux de l’adaptation au changement climatique. Les impacts du réchauffement étaient déjà effectifs sur l’ensemble des régions françaises, le HCC demande que les politiques d’adaptation deviennent plus opérationnelles. Les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique.
Après une année de pandémie, le changement climatique reste au cœur des préoccupations des Français, dont plus de 80 % estiment que le pays sera obligé de mettre en œuvre des mesures drastiques pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Et cela risque de n’être que le commencement puisque la France a déjà enregistré une hausse des températures de 1,7° C depuis l’ère préindustrielle, contre 1,1° C au niveau mondial. Les politiques d’adaptation doivent être rapidement développées, en complément des stratégies d’atténuation.
Il s’agit d’identifier les impacts du changement climatique à l’échelle locale et les secteurs prioritaires à l’aide d’outils robustes et fiables pour permettre le développement de services climatiques coordonnés. Le HCC fait ainsi plusieurs recommandations afin d’accélérer la transition bas carbone.
- Clarifier des politiques publiques encore peu lisibles. Les mesures en place et les calendriers de décarbonation actuels orientent insuffisamment les investissements, faute de perspectives claires et stables à moyen et long terme, et d’horizons temporels trop éloignés.
- Finaliser au plus vite les stratégies locales et les faire converger vers les objectifs nationaux, car ces documents permettent à l’ensemble des acteurs publics et privés de s’approprier les enjeux de décarbonation.
- Pérenniser les aides et investissements inscrits au sein des plans de relance qui contribuent aux changements structurels bas-carbone.
- Améliorer les processus d’évaluation et de suivi des politiques publiques, qui permettent de disposer de retours d’expériences rapides et d’accélérer les progrès.
- Intégrer systématiquement l’adaptation au changement climatique dans les politiques aux échelons nationaux et territoriaux car les impacts d’un climat qui change se font déjà sentir
Paroxysme de cette urgence climatique, le Conseil d’Etat vient d’ordonner le 1er juillet à l’État de prendre dans les neuf mois « toutes les mesures utiles » pour atteindre l’objectif de baisse de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. La plus haute juridiction française, saisie par la commune de Grande-Synthe qui s’estime menacée par la montée du niveau de la mer, a jugé que les trajectoires actuelles de la France ne lui permettaient pas de respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris.
François LETT, Directeur du département éthique et solidaire