Perrier: nouvelles contaminations dans l'usine du Gard, l'ARS analyse trois situations de "non conformité"

De nouvelles contaminations ont été détectées dans les bouteilles de l'usine Perrier du Gard, et des "analyses bactériologiques complémentaires" sont en cours à la suite de trois "situations de non-conformité", a annoncé l'ARS Occitanie vendredi soir dans un communiqué.

D'après des informations de Radio France publiées vendredi, environ 300.000 bouteilles de 75 centilitres de Perrier produites sur le site de Vergèze, dans le Gard, ont été considérées le 11 mars comme contaminées par des "bactéries pathogènes (entérobactéries)" à la suite d'un contrôle interne.

Selon le communiqué de l'ARS, ce sont au total trois "situations de non-conformités" qui sont actuellement en cours d'étude par l'ARS, avec des "analyses bactériologiques complémentaires".

Il s'agit de "lots produits les 10 et 11 mars (369 palettes) pour lesquels l'exploitant a signalé à l'ARS le 21 mars une suspicion lors de ses analyses de coliformes" (entérobactéries). "Ces lots sont maintenus bloqués en attente des résultats de nouveaux contrôles", précise l'ARS.

"C'est le cas également pour un lot de 395 palettes qui ont fait l'objet d'un signalement de non-conformité le 4 avril après constat par l'exploitant d'une non-conformité le 22 mars en raison d'un dysfonctionnement sur l'alimentation des bouchons.

Enfin, des non-conformités bactériologiques ont été détectées par l'ARS lors du contrôle sanitaire effectué le 10 avril sur des forages et des lignes d'embouteillages", indique l'Agence qui précise que "les lots produits à cette date (1.018 palettes) ont également été isolés et bloqués par l'exploitant en l'attente des résultats de nouvelles analyses".

L'ARS précise qu'à trois reprises, en février et en mars, de précédents signalements de non-conformité avaient donné lieu à des analyses complémentaires qui ont "permis de re-contrôler la conformité bactériologique" des lots concernés, qui ont donc été débloqués "sur décision ARS-Préfet".

Vendredi, Nestlé Waters, groupe auquel appartient la marque Maison Perrier, avait confirmé que certaines bouteilles avaient été bloquées dans ses entrepôts "pour, soit un dépassement quantitatif de la flore naturelle de l'eau minérale (non pathogène) soit à la suite d'une intervention technique ayant causée une anomalie".

Pour Nestlé Waters, il s'agit là de classiques "processus de gestion de la qualité (qui) fonctionnent et garantissent la sécurité alimentaire (des) produits". Les bouteilles concernées n'ont donc pas été mises sur le marché.

En avril 2024, trois millions de bouteilles Perrier avaient été détruites par précaution car contaminées par des bactéries.

Le groupe a assuré vendredi matin qu'il ne s'agissait "aucunement de contamination au forage", défendant son usine de Vergèze, sur l'exploitation de laquelle le préfet du Gard Jérôme Bonet, doit bientôt se prononcer. L'appellation "eau minérale naturelle" de Perrier est en jeu.

Début avril, des hydrogéologues mandatés par l'État français ont rendu un "avis défavorable" pour la production de la célèbre eau gazeuse sous cette dénomination.

Le rapport de ces experts "a été remis début avril puis soumis aux services de l'ARS Occitanie pour recueillir également leurs avis et recommandations. Le directeur général de l'ARS Occitanie a rendu ce vendredi soir cet avis de l'ARS à M. le Préfet du Gard", précise l'Agence qui ajoute qu'il "s'exprimera le moment venu au sujet de sa décision".

Depuis plusieurs mois, la filiale eaux du géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé fait l'objet d'une polémique concernant son usage, par le passé, de traitements de désinfection de ses eaux, non dangereux mais interdits pour les eaux minérales naturelles.

Une commission d'enquête sénatoriale, mise en place en novembre, a mené une centaine d'auditions pendant quatre mois pour éclairer sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille. Son rapport sera rendu le 19 mai.

Au sujet de l'usine de Vergèze, la répression des fraudes (DGCCRF) a saisi la justice au titre de l'article 40 du code de procédure pénale (qui prévoit que toute administration ayant connaissance de pratiques pouvant relever d'un délit ou crime est tenue de le signaler au procureur), a confirmé à l'AFP le parquet de Paris, auprès duquel une information judiciaire avait été préalablement ouverte.

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