"Je ne crois pas une seconde que l'Etat puisse abandonner Perrier", estime le maire de Vergèze, ville qui retient son souffle, en attendant la décision de la préfecture du Gard sur le renouvellement de l'autorisation d'exploitation de la célèbre source sous l'appellation d'eau minérale naturelle.
Depuis plusieurs mois, Nestlé Waters, propriétaire de Perrier, maison à la notoriété internationale fondée en 1903, fait l'objet d'une polémique concernant son usage, par le passé, de traitements de désinfection de ses eaux.
Non dangereux à la consommation, ces procédés sont interdits pour les eaux minérales, dont la pureté doit être garantie à l'émergence et qui ne doivent pas subir de traitement qui modifie leur flore microbienne.
La préfecture du Gard doit se prononcer dans les tout prochains jours sur le renouvellement de l'autorisation d'exploitation de la source sous l'appellation d'eau minérale naturelle, alors que des hydrogéologues viennent de lui rendre un "avis défavorable" à ce sujet et que de nouvelles contaminations ont été récemment détectées dans des bouteilles produites à l'usine de Vergèze.
"Je ne crois pas une seconde que l'Etat puisse abandonner ni la source Perrier, ni l'eau minérale naturelle, ni la verrerie (située à côté et dont le propriétaire, l'américain Owens-Illinois (O-I), a annoncé la cessation des activités, NDLR)", a déclaré jeudi à l'AFP la maire de Vergèze, Pascale Fortunat-Deschamps.
"Perrier, c'est notre histoire. On a tous connu des gens de notre famille, depuis des générations, qui travaillent à Perrier. C'est ces gens-là qui ont fait la richesse de ce qu'est Perrier aujourd'hui", a-t-elle ajouté.
Avec la présidente du conseil départemental, Françoise Laurent-Perrigot, Mme Fortunat-Deschamps a interpellé mi-avril le préfet, Jérôme Bonet, disant espérer que sa décision "tiendra compte de l'impératif de concilier les exigences de sécurité sanitaire avec la nécessité de préserver l'emploi", rappelant que près de 1.000 personnes travaillent sur le site.
Installé à la terrasse du Bar des sports de Vergèze, Patrick Sartre, employé de Perrier à la retraite, se souvient des années fastes. "Quand je travaillais à Perrier, j'ai acheté ma première voiture sans crédit. Après, j'ai acheté une maison et j'ai pu voyager. Sans être riche, on vivait bien. Aujourd'hui, c'est la misère pour beaucoup de monde ici", déplore-t-il.
"Il n'y aura plus Perrier, eau minérale naturelle", tranche pour sa part Gérard, autre ex-salarié de Perrier rencontré au supermarché du coin et qui n'a pas souhaité donner son nom de famille. Au rayon des eaux en bouteille, il préfère choisir dorénavant une autre marque.