Le plan Ecophyto, censé engager une réduction progressive des pesticides et dont le gouvernement a annoncé la mise sur pause jeudi, va être revu d'ici trois semaines, a promis le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, alors qu'associations et élus s'inquiètent d'un recul écologique.
"Nous n'avons pas annoncé qu'on autorisait une molécule, ou qu'on allait modifier les règles sur la proximité des riverains et sur les zones de captage qui permettent l'alimentation d'eau potable", a-t-il souhaité relativiser dans une interview au journal La Tribune Dimanche, assurant malgré tout comprendre "l'inquiétude".
"La santé et la protection de la biodiversité sont des lignes rouges", a-t-il rappelé, alors que Gabriel Attal a annoncé jeudi la mise sur pause du programme censé réduire de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017).
"On a simplement dit qu'il nous fallait trois semaines - jusqu'au Salon de l'agriculture - pour rediscuter des outils qui vont être déployés cette année", a résumé M. Béchu, plutôt discret pendant toute la crise qui a secoué le monde agricole ces deux dernières semaines.
Il sera invité dimanche de l'émission Grand Jury RTL-Le Figaro-M6.
Mercredi, la veille des annonces de Gabriel Attal, il avait réaffirmé qu'il ne pouvait pas y avoir de "prétexte à revenir en arrière sur la transition écologique", lors de ses voeux aux acteurs de l'écologie.
Le ministre souhaite aussi mettre ces trois semaines à profit pour "préciser l'utilisation des 250 millions d'euros" supplémentaires consacrés à la protection de la nature et de l'eau en 2024 afin de réduire le recours aux pesticides.
Et il a jugé non satisfaisant que la France utilise un indicateur de mesure de l'usage des pesticides (appelé le Nodu) différent d'un indicateur européen: "Se donner donc quelques semaines pour discuter de l'indicateur européen, cela ne nous semble absolument pas être une remise en question de nos principes", a dit Christophe Béchu.
Les grands céréaliers français sont très opposés à l'indicateur français qui, disent-ils, ne reflète pas la baisse de consommation de substances actives dans les champs.
Sur le Green Deal européen, Christophe Béchu a appelé à "trouver le rythme qui soit compatible avec ces ambitions".
"Quand vous interdisez des pesticides en France, et que vous laissez des produits arriver de l'étranger utilisant ces mêmes pesticides dans les rayons de nos supermarchés, où sont les cohérences, écologique et sanitaire, pour la biodiversité?", a interrogé le ministre.