Pollution du bassin d'Arcachon: le gestionnaire des réseaux se défend

Après une contamination aux eaux usées fatale aux huîtres fin 2023, le gestionnaire des réseaux du Bassin d'Arcachon a défendu son action mercredi, niant réclamer à l'État un "droit de polluer" et annonçant une nouvelle station d'épuration.

D'intenses précipitations à l'automne et l'hiver derniers avaient saturé le réseau d'assainissement, les eaux pluviales s'infiltrant dans les canalisations d'eaux usées et provoquant des débordements dans le milieu naturel au niveau de bassins de sécurité.

Cette pollution avait occasionné une épidémie de gastroentérite chez les consommateurs d'huîtres du Bassin, en pleine période des Fêtes de fin d'année, et la production avait été suspendue durant un mois au grand dam de la filière locale.

Des plaintes déposées par des associations environnementales ont conduit la justice, depuis, à ordonner la construction de "déversoirs d'orages" au niveau des bassins de sécurité, afin de canaliser les débordements s'ils devaient se reproduire en cas de fortes pluies.

Pour ce faire, le Syndicat intercommunal qui gère les réseaux (Siba) a sollicité des services de l'État une modification réglementaire, en cours d'examen, dénoncée par les associations comme un "droit de polluer".

"C'est une interprétation", a répliqué mercredi devant la presse Yves Foulon, maire d'Arcachon et président du Siba, pour qui le gestionnaire du réseau ne fait que répondre aux injonctions de la justice.

En principe, tout rejet d'eaux usées est exclu dans le Bassin mais cela s'est produit à deux reprises récemment, durant les hivers 2020-2021 et 2023-2024, après de fortes pluies appelées à se répéter selon les projections climatiques.

Pour parer à de nouvelles pollutions, explique le Siba, les déversoirs d'orages feraient s'écouler le trop-plein des eaux usées dans des zones forestières, où elles s'infiltreraient loin des habitations et des zones ostréicoles... mais toujours dans la nature, critiquent les associations.

En cas de feu vert de l'État, ces déversoirs seraient construits "en trois-quatre mois", a précisé Sabine Jeandenand, directrice du Siba.

Parallèlement, Yves Foulon a annoncé la création d'une nouvelle station d'épuration dans le nord du Bassin, afin de "réduire la charge hydraulique" sur la station actuelle de Biganos.

Son coût serait de 30 millions d'euros, plusieurs dizaines de millions devant également être investis dans la gestion des eaux pluviales, en zone urbaine et en amont.

"En tout, on met 120 millions d'euros sur cinq ans", a conclu le maire d'Arcachon, assurant vouloir renouer avec l'objectif du zéro rejet à cet horizon grâce à ces investissements.