L'accord de Paris de 2015 vise à maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale "bien en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Le monde s'est déjà réchauffé de 1,2°C ou 1,3°C en moyenne, selon la période considérée.
L'originalité du texte onusien est qu'il ne fixe pas à chaque pays des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Chaque Etat fixe lui-même ses propres objectifs. Mais le texte prévoit de faire des bilans collectifs réguliers (le premier ayant eu lieu en 2023), et d'obliger les pays à mettre à jour tous les cinq ans leurs plans d'action climatique afin d'essayer de combler le retard.
Ces plans sont formalisés dans un document appelé "contribution déterminée au niveau national" (CDN - ou NDC en anglais). Actuellement, les pays ont des objectifs à 2030. Les nouveaux plans doivent fixer de nouveaux objectifs pour 2035.
Le chiffre le plus scruté est la réduction promise d'émissions de gaz à effet de serre, en général par rapport à 1990, mais cela peut être par rapport à 2005 comme dans le cas des Etats-Unis. Les Emirats Arabes Unis, hôtes de la COP28 l'an dernier, viennent de publier une feuille de route prévoyant une baisse de 47% de leurs émissions d'ici 2035 par rapport à 2019.
Que faire pour les tenir ?
A l'issue de la COP28 de Dubaï l'an dernier, les pays ont été encouragés à adopter une nouvelle mise à jour de leurs plans climatiques qui soit compatible avec une trajectoire de réchauffement limité à 1,5°C.
"Plus nous retardons l'action aujourd'hui, plus ce sera difficile de rester sous 1,5°C et plus importantes seront les conséquences", met en garde Sofia Gonzales-Zuniga, du groupe de recherche indépendant Climate Action Tracker (CAT). "C'est pourquoi nous demandons aux gouvernements de passer en mode urgence", a-t-elle dit à l'AFP.
Si le monde échoue à augmenter l'action climatique au cours de cette décennie, cela signifie que "limiter le pic de réchauffement mondial à 1,5°C ne sera pas possible", selon le CAT. La COP30 au Brésil l'an prochain sera l'occasion de mesurer les progrès pour tenir cette limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris.
Sommes-nous sur le bon chemin? Non. La mise en oeuvre intégrale des NDC inconditionnelles mettrait le monde sur la voie d'une hausse des températures de 2,8°C, selon les calculs du programme de l'ONU pour l'Environnement. La mise en oeuvre des promesses conditionnelles (par exemple conditionnées à l'obtention de financements ou à des efforts d'autres pays) ramènerait cette hausse à 2,6°C.
Les émissions devraient décliner de 4% à 10% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019 selon les plans actuels, bien loin de la chute de 42% nécessaire selon les scientifiques pour garder le réchauffement à 1,5°C.
Et les énergies fossiles ?
Selon le chef de l'ONU-Climat, Simon Stiell, les nouveaux plans doivent refléter l'engagement des pays du monde entier à Dubaï de "transitionner hors" des énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz.
"Les nouvelles NDC doivent concrétiser cette promesse", a-t-il pressé. L'Azerbaïdjan, nation productrice de gaz qui accueillera la COP29 en novembre cette année, a promis d'aligner sa feuille de route climatique avec la limite d'1,5°C.
Mais elle fait partie des pays producteurs d'hydrocarbures qui affirment que le monde a encore besoin de nouveaux projets pétroliers et gaziers - pourtant jugés incompatibles avec la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Comment rendre les plans crédibles ?
"Le strict minimum est de retirer toute référence à l'expansion des énergies fossiles" dans les plans climatiques, estime Paola Yanguas Parra, du groupe de réflexion International institute for sustainable development.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Pour les pays qui n'en font déjà pas mention - comme les Etats-Unis, premier producteur mondial d'hydrocarbures - reconnaître la nécessité de s'éloigner de ces énergies sera "un pas en avant", selon elle.
Avec AFP.