Réemployer brique, béton ou ardoise, un nouveau chantier pour le bâtiment

Retirer le mortier des vieilles briques ou donner une deuxième vie à l'ardoise des toits: le secteur du bâtiment, responsable de 37% des émissions mondiales de CO2, tente de se décarboner en explorant des techniques de réemploi.

Survol d'idées développées par des entrepreneurs et éco-organismes pour réutiliser des matériaux dans de nouvelles constructions.

- Le béton -

La fabrication de ciment, ingrédient essentiel du béton, est responsable à elle seule de 7% des émissions mondiales de CO2, ce qui fait de ce matériau le plus utilisé dans le secteur de la construction l'un des plus polluants, selon une étude de l'ONU publiée en 2023.

Pour réduire la production de béton neuf, l'éco-organisme Ecominéro a récupéré les panneaux de façade lors de la démolition d'un bâtiment à Melun (Île-de-France) afin de les réutiliser, entre autres, comme dalle de terrasse ou soubassement d'édifices neufs de logement.

Ecominéro a soutenu financièrement une douzaine de projets visant à explorer les utilisations possibles du béton de réemploi durant l'année écoulée.

- La brique -

Dans le Pas-de-Calais, le distributeur de machinerie Kavik offre aux entrepreneurs désireux de réduire leur empreinte carbone de louer une machine qui permet de revaloriser les briques à même le chantier de démolition.

"Une brique est encore bonne jusqu'à 60 ans, même s'il n'est pas recommandé de les réemployer sur des murs porteurs, elles peuvent encore servir pour de l'embellissement de façade", explique Franck David, le fondateur de Kavik.

Ainsi le Recyc Brique, machine conçue au Québec, permet de nettoyer trois à huit briques par minute en retirant le mortier avec un système de meules et de disques diamant, "un travail autrefois pénible pour le maçon qui s'y prend manuellement".

"Il est possible de sauver jusqu'à 95% des briques d'un bâtiment lorsqu'il est déconstruit avec soin", précise M. David.

- Le métal -

"Seulement 1% des matériaux de construction sont réemployés en ce moment, mais pour ce qui concerne la filière métallique, nous avons tout mis en place pour atteindre un taux de 10% à 15% dans quelques années", assure Amor Ben Larbi, directeur de projets de recherche au Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM).

Ce plan se décline en trois volets: une plateforme numérique pour vendre et acheter des produits métalliques, une fourgonnette équipée pour aider les entreprises à identifier les matériaux réutilisables, ainsi que la publication d'un système de référence pour garantir la qualité du métal réemployé et faciliter son assurabilité.

"Maintenant, il faut massifier le réemploi de métal afin d'en baisser les coûts, qui dépassent, dans certains cas, ceux du métal neuf", explique M. Ben Larbi.

- Le zinc et l'ardoise -

Depuis deux ans, la compagnie Toit de Paris récupère le zinc qui compose la toiture des immeubles haussmanniens de la capitale pour en faire des portes-clés ou des plaques décoratives, mais cette jeune PME à d'autres ambitions.

Avec le soutien de l'éco-organisme Ecominéro, la jeune pousse se prépare à conduire des tests dès l'année prochaine pour réemployer l'ardoise ou le zinc lors de constructions futures.

"Les tuiles qui sont suffisamment étanches seront réemployées pour la toiture et les autres serviront comme bardage extérieur ou comme élément de signalétique dans les édifices", précise Constance Fichet-Schulz, la fondatrice de Toit de Paris.