Les associations d'information des riverains des centrales nucléaires ont appelé jeudi à inclure la société civile dans le projet gouvernemental de réforme de la sûreté, alertant sur les conséquences d'un projet jugé "précipité".
L'Association nationale des commissions locales d'information (Anccli), installées autour de chaque centrale en France, a été auditionnée au Sénat, où le nouveau projet de loi, présenté en décembre, entame son parcours législatif.
Le gouvernement souhaite fusionner l'IRSN, l'institut expert du secteur, avec l'ASN, l'autorité de contrôle des centrales, pour "fluidifier" les décisions.
L'Anccli "craint qu'accélération et réorganisation du nucléaire se conjuguent avec une baisse de vigilance et de performance sur la sûreté qui sont les prémices d'un éventuel accident nucléaire", dit-elle jeudi dans un communiqué, relevant que "les 4 piliers de la sûreté nucléaire sont: un exploitant responsable, une autorité de contrôle indépendante, un expert indépendant et nourri par la recherche, une société civile partie prenante et avertie".
Pour l'association, le projet de loi ne doit pas renvoyer les modalités de mise en oeuvre de la transparence et de la participation du public "à un règlement intérieur établi et modifiable à huis clos et non encore défini".
Elle demande à ce que toutes les expertises soient publiées, ainsi que les lettres de suites d'inspections dans leur intégralité.
La fédération s'étonne d'être exclue de la réforme, alors qu'avec les 35 CLI, "la France dispose du seul dispositif au monde d'organisation et d'expression de la société civile sur les questions nucléaires".
Elle demande notamment à avoir deux membres au sein des groupes d'experts de la future entité, et à être auditionnée chaque année sur l'accès à l'information.
Du côté du gouvernement, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu est chargé officiellement de la sûreté nucléaire depuis jeudi et la publication des décrets d'attributions ministérielles.
Il a reçu mercredi à 22h les deux sénateurs co-rapporteurs du texte au ministère, faute d'audition publique à ce stade.
Le projet doit être examiné par le Sénat en séance publique les 7, 8 et 13 février.
Le projet, décidé à l'Elysée, avait été retoqué par le Parlement en mai, après avoir été glissé dans un amendement. Le gouvernement vise la création de la future entité au 1er janvier 2025.