Savoie : pagaille pour l'accès aux stations de ski après un éboulement

Un éboulement samedi matin sur la route qui mène aux stations de ski de la Tarentaise en Savoie en a perturbé fortement l'accès, immobilisant des milliers d'automobilistes dans d'importants bouchons, des perturbations qui devraient perdurer dimanche.

Le trafic a vite été saturé et face aux embouteillages provoqués par l'éboulement et la déviation mise en place pour rediriger le flux des voitures, la préfecture de Savoie a activé un plan d'hébergement d'urgence.

L'éboulement est survenu peu après 10H30, à hauteur d'Aigueblanche, dans le sens Albertville-Moûtiers. Trois gros blocs de roche se sont détachés, d'un volume total de 50m3. Seul une automobiliste a été légèrement blessée, selon la préfecture de Savoie.

La RN90 est l'axe principal d'accès vers les stations des 3 Vallées, Tignes, Val d'Isère, La Plagne, Les Arcs ou encore La Rosière.

Le trafic a dans un premier temps été complètement interrompu dans le sens de la montée, avant que la circulation ne soit rétablie dans les deux sens en début d'après-midi via un tunnel habituellement réservée à la descente.

- 10.000 véhicules -

Les services de l'Etat estimaient dans la soirée à "un peu de 10.000 véhicules", bloqués sur 26 kilomètres, qui doivent désormais passer par le tunnel bidirectionnel.

Des équipes de la Croix-Rouge ont été rapidement mobilisées "pour porter assistance aux véhicules bloqués en distribuant des vivres".

Plusieurs villes ont été sollicitées pour accueillir des naufragés de la route, mais c'est surtout à Albertville qu'ils se sont arrêtés: quelque 625 personnes accueillis, selon un décompte de la préfecture vers 22H00.

"Je dirais que certaines personnes ont dû mettre, pour arriver en station, plus du triple du temps qu'ils auraient mis habituellement", a estimé à l'AFP Ludovic Trautmann, directeur de cabinet du préfet.

- "Sept à huit heures coincés" -

A Albertville, un gymnase a été mis à disposition avec des lits, et les habitants se sont aussi mobilisés pour héberger des naufragés. "On entend des gens qui nous disent +on est resté sept heures, huit heures coincés+", rapporte le maire Frédéric Burnier-Framboret, joint par téléphone.

A deux reprises depuis 2015, la ville a été confrontée à des situations similaires. "La montagne c'est quelque chose de vivant et de temps en temps ça se décroche. Et de temps en temps ça se passe un samedi, un jour de chassé-croisé, et ça devient tout de suite problématique", ne peut que constater l'élu.

Ceux qui ont pris "un bon café" devraient repartir après une pause, tandis que d'autres font le choix de passer la nuit au gymnase, notamment les bus touristiques, rapporte-t-il encore.

Pascale Cuvier, 48 ans, terminait un séjour d'une dizaine de jours à la montagne. Elle a pris la route vers 14H45, et à 21H30 faisait une pause au gymnase de Moutiers.

"On habite en Touraine, on devrait être arrivé chez nous là", témoigne-t-elle à l'AFP par téléphone. Ils repartiront dans la nuit, en se relayant au volant: impossible pour son père de 74 ans de passer la nuit sur un lit de camp.

A Macot-La Plagne, au pied des stations, le maire Jean-Luc Boch accueille à la salle polyvalente "des gens d'un peu partout, des Britanniques, des Belges, des Français qui préfèrent ne pas prendre de risque et se retrouver coincés".

"On s'occupe d'eux pour qu'ils puissent repartir ou dans la nuit, ou sur la matinée", dit-il: "ça se passe dans la bonne humeur".

- Sécurisation -

Il faut désormais sécuriser la falaise. "Des purges devront être effectuées demain (dimanche), parce qu'il y a des rochers instables qui ont été détectés, qui menacent de tomber à leur tour sur la N90", a expliqué Ludovic Trautmann.

Il faudra ensuite vérifier qu'il n'y a pas d'autre menace, remettre des filets de protection, réparer les barrières de sécurité arrachées et faire un état de la route.

En conséquence, un retour à la normale n'est pas attendu "avant plusieurs jours au moins", selon M. Trautmann.

"L'hospitalité de la montagne, c'est que, quand ça va mal, on est capable de se serrer les coudes", s'est félicité Fabrice Pannekoucke, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et ancien maire de Moutiers, présent au gymnase de la ville samedi soir.

"Il faut maintenant travailler à la sécurisation de manière plus durable, de la même manière qu'il faut qu'on nettoie et qu'on sécurise l'itinéraire avec la prévision des arrivées de la semaine prochaine", pour le début des vacances scolaires", a-t-il souligné à l'AFP.