Les élus locaux, très mobilisés sur le dossier à Belfort, ont exprimé vendredi leur "soulagement" après l'"excellente nouvelle" annoncée par Emmanuel Macron de la reprise enfin finalisée des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF.
"L'annonce du président est la concrétisation d'une promesse très attendue par les salariés de Belfort", a souligné la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS). "C'est un soulagement pour les hommes et les femmes qui représentent l'excellence de la filière nucléaire française, et qui ont subi les stratégies de GE."
EDF et GE avaient annoncé en février 2022 "un accord d'exclusivité" pour discuter de ce rachat. Mais l'opération avait tardé à se concrétiser, butant notamment sur des questions géopolitiques et suscitant l'inquiétude des salariés. L'un des clients des turbines Arabelle est en effet le géant public russe Rosatom.
"L'opération aboutit enfin!", ont également réagi dans un communiqué commun les élus LR du Territoire-de-Belfort (député, sénateur, président du conseil départemental et maire de Belfort).
- "Stratégique pour la France" -
Mais "aujourd'hui, nous ne connaissons pas toutes les modalités de l'acquisition", tempèrent-ils. "De nombreuses questions demeurent: quel est le périmètre exact des activités reprises? Quels seront les investissements humains et matériels réalisés?"
Ils restent donc "attentifs au projet du groupe EDF pour la nouvelle société Arabelle Solutions" et réclament un "véritable projet industriel" pour développer le site de Belfort.
"Bravo et enfin ! Mais c'est bien la preuve qu'il ne fallait surtout pas vendre", a réagi auprès de l'AFP Arnaud Montebourg, prédécesseur, en 2014, d'Emmanuel Macron au ministère de l'Economie.
En 2015, la branche énergie d'Alstom avait en effet été acquise par GE, au terme d'une longue polémique politico-économique engagée au printemps 2014. Emmanuel Macron était ministre de l'Economie lors de la finalisation de l'opération.
"Aujourd'hui, l'Etat rachète donc à prix d'or ce qu'il a eu le tort de laisser vendre pour une bouchée de pain", a déploré M. Montebourg.
"La production des turbines Arabelle est une fierté et un enjeu majeur pour la ville de Belfort et le Nord Franche-Comté, représentant localement près de 2.000 emplois, dans une entité qui en compte au total 3.300, dont 70% en France", a quant à lui souligné l'eurodéputé Modem-Renew Europe Christophe Grudler.
"Les turbines vapeur Arabelle sont les plus puissantes au monde, (...) reprendre le contrôle de cette production revêt un intérêt stratégique pour la France, et pour l'Europe", a ajouté le Belfortain, membre de la Commission de l'industrie et de l'énergie au Parlement européen.
- Souveraineté énergétique -
La finalisation de cette transaction, dont le montant n'a pas été dévoilé, constitue également une bonne nouvelle pour EDF: "Cette nouvelle filiale (Arabelle Solutions, NDLR) nous permettra de déployer des technologies et des services de maintenance qui sont [des services] clés, tant pour EDF que pour les autres exploitants nucléaires, en France et à l'international", a souligné Luc Rémont, PDG d'EDF.
"L'acquisition accompagne la relance de la construction de réacteurs nucléaires, dont l'Europe a besoin pour sa décarbonation et sa souveraineté énergétique, avec une filière industrielle européenne pleinement autonome", a-t-il ajouté.
Parmi les sites repris par EDF, l'usine la plus importante est celle située à Belfort, qui fabrique des turbines et alternateurs de grande puissance, comme celle de l'EPR de Flamanville (Manche), tandis qu'une usine en Inde fabrique des turbines de petite et moyenne puissance.
Les activités comptent entre autres un site de réparation et de maintenance à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et à Rugby (Grande-Bretagne) ou encore un site dédié aux petits composants à Ludres (Meurthe-et-Moselle).
Pour les syndicats FNME-CGT et FTM-CGT, le rachat "est à mettre à l'acquis de la mobilisation des salariés". "La turbine des futurs SMR (small modular reactor, c'est-à-dire petit réacteur modulaire, NDLR) doit être produite en France et non en Inde comme envisagé à ce jour", pointent-ils.
Rosatom représente "un peu moins de 50%" du carnet de commandes aujourd'hui, "mais ça va évoluer très, très vite, puisqu'on est en train de les livrer, donc ça sort du carnet de commandes", souligne Laurent Santoire, de la CGT.
En février 2022 Emmanuel Macron avait annoncé depuis Belfort, au pied d'une turbine Arabelle rutilante, la relance d'un vaste programme nucléaire français.
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