Thermostats, vitrines: le gouvernement veut inscrire la sobriété énergétique "dans la durée"

Des aides à l'achat de thermostats, des règles durcies pour limiter l'éclairage des vitrines et des bureaux: le gouvernement a annoncé jeudi de nouvelles mesures pour inscrire "dans la durée" les économies d'énergie engagées l'an dernier en pleine envolée des prix.

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, n'a pas fixé de nouvel objectif chiffré de baisse pour cet hiver, ni imposé de contraintes, mais elle a souligné la nécessité de faire de la sobriété "une habitude", lors d'un colloque jeudi à Paris.

"On ne doit plus se poser la question!", a-t-elle dit, "il y a des enjeux climatiques" et "c'est aussi une question d'indépendance politique et économique de notre pays".

Le gouvernement a calculé que les consommations de gaz et d'électricité ont diminué de 12% entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019, avant le Covid. "Mon objectif est que cette baisse devienne structurelle fin 2024, et que nous allions plus loin", a-t-elle souligné.

"L'important, c'est de ne pas avoir d'effet rebond" après les efforts de l'hiver dernier, a précisé son entourage à l'AFP, et "d'inscrire la réduction dans la durée" alors que franchir une nouvelle marche pour le deuxième hiver de suite s'annonce difficile faute d'important investissements ou changements d'habitudes.

Au colloque, des secteurs comme le football ou les cinémas ont exposé leur contribution à cette sobriété, en réduisant l'éclairage des terrains, la luminothérapie des pelouses, ou en baissant la climatisation l'été dans les cinémas.

"On a même demandé de raccourcir les génériques qui sont de plus en plus longs", a précisé Marie-Christine Desandré, de la Fédération nationale des cinémas.

En bras de chemise malgré la saison, le patron d'Octopus Energy France, Vincent Maillard, a invité à des changements d'habitudes. "Dans cette crise, on a passé la phase aigüe, on est à la phase chronique", a estimé ce fournisseur alternatif d'électricité.

- Aide pour les thermostats -

Dans le détail, après les efforts demandés aux sociétés du CAC40 pour se doter d'un plan sobriété, organiser stratégiquement le télétravail et promouvoir une vitesse sur route à 110 km/h, le gouvernement veut élargir cet hiver la mobilisation aux 120 plus grandes entreprises cotées en Bourse.

Pour les particuliers, des aides vont inciter à s'équiper en thermostats programmables, qui coûtent "entre 650 et 1.000 euros l'unité", selon la ministre. Un matériel qui réduit la consommation de 15% et dont l'achat et l'installation seront aidés jusqu'à 80%.

"J'ai demandé aux enseignes de bricolage de faire des offres clé en main pour les ménages", a-t-elle annoncé. Les subventions à la rénovation des logements doivent aussi devenir plus importantes en 2024.

Selon RTE, l'entreprise qui pilote le réseau électrique, une part croissante des Français déclarent se chauffer à 19°C ou moins, permettant d'atteindre 50% de la population respectant la consigne.

Mais beaucoup ne connaissent pas la température de leur logement et il reste l'autre moitié à convaincre.

"19°C c'est bien" et "pas plus de 17°C dans la chambre" pour s'endormir, a détaillé lors du colloque le médecin et animateur TV Michel Cymes.

"Quand les bureaux sont trop chauffés, ça ralentit l'activité de vos neurones", a-t-il dit, évoquant un autre avantage pour la santé: baisser le chauffage pousse selon lui les plus frileux à se lever et à faire un peu d'exercice régulier.

Côté bureaux et magasins, un arrêté est en préparation "pour obliger commerces et entreprises à n'allumer leurs vitrines qu'une heure avant le début de leur activité et les éteindre une heure après la fin", a également annoncé la ministre.

Un décret devrait faciliter les sanctions, avec des amendes de 1.500 euros en cas de non-respect.

Pour les déplacements, domaine dans lequel la sobriété s'avère ardue malgré les prix élevés à la pompe, deux nouvelles mesures sont annoncées pour le vélo.

Pas question en revanche pour le gouvernement de relancer le débat sur un abaissement obligatoire de la vitesse sur autoroute à 110 km/h, une proposition de la Convention citoyenne sur le climat afin de réduire la consommation de carburant.

"Très clairement, ce n'est pas sur la table aujourd'hui", a déclaré la ministre sur France 2. "Le plan n'est pas construit sur la contrainte, mais la responsabilité et l'information."

Toutes ces mesures seront d'ailleurs soutenues par une campagne publicitaire jusqu'en février. Au triptyque de l'an passé, "Je baisse, j'éteins, je décale", s'ajoutera le mot d'ordre "et je lève le pied".