Alors que les besoins sociaux et environnementaux sont considérables, et que l’intérêt des épargnants pour les transitions sociale et écologique ne fait que se confirmer, nombre de signaux d’alerte d’un recul important de la prise en compte de la dimension extra financière dans l’activité économique apparaissent, parmi lesquels on retrouve les dernières positions de l’Union européenne sur la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) ou la décision de certaines entreprises de supprimer leurs objectifs en matière de diversité et d'inclusion. Dans ce cadre, l’épargne salariale solidaire peut et doit apporter les moyens financiers nécessaires pour répondre à ces besoins.
Ce que l’épargne salariale solidaire a permis jusqu’à maintenant
Si les encours de l’épargne salariale et retraite classique ont connu une hausse de plus de 10 % l’année dernière, son volet solidaire a lui progressé de près de 20 % sur l’année 2023¹, et les chiffres de 2024 devraient confirmer cette dynamique. C’est d’ailleurs le principal canal de collecte de la finance solidaire (près de 60 %), et les plus d’un million de salariés qui ont déjà choisi d’épargner de façon solidaire grâce à leur entreprise ont permis des résultats très concrets : 1 470 projets soutenus, 2 100 personnes relogées, 16 000 emplois créés ou consolidés, ou encore 13 000 personnes alimentées en énergie renouvelable²...
Ces chiffres encourageants sont le résultat d’un cadre légal qui se structure grâce à l’activité de plaidoyer inlassable d’acteurs comme FAIR.
C’est aujourd’hui 1 Français sur 5 qui souhaite que son épargne combine rentabilité financière et contribution à des projets d'intérêt général, un chiffre qui atteint 30 % chez les 25-34 ans.
Ainsi et depuis le 1er janvier 2025, les TPE et PME de 11 à 49 salariés avec un bénéfice supérieur à 1 % de leur chiffre d’affaires doivent avoir mis en place un dispositif d’épargne salariale. Conjointement et depuis juillet 2024, toutes les entreprises proposant des PEE/PER doivent inclure un fonds labellisé pour la transition énergétique et l'investissement responsable, tel que le label Finansol. Cette mesure poursuit la loi de 2008 sur l’épargne solidaire et marque la première reconnaissance officielle d’un label privé dans ce domaine.
Une carte à jouer pour les entreprises qui va dans le sens de l’histoire malgré la conjoncture politique
On ne peut que se réjouir de ces évolutions réglementaires qui se fondent sur une réalité indiscutable : l’intérêt grandissant des épargnants pour la finalité de leur épargne. C’est aujourd’hui 1 Français sur 5 qui souhaite que son épargne combine rentabilité financière et contribution à des projets d'intérêt général, un chiffre qui atteint 30 % chez les 25-34 ans³.
Les entreprises doivent désormais envisager la promotion de l’épargne salariale également pour son volet solidaire. En effet si l’épargne salariale classique permet aux salariés de se constituer une épargne supplémentaire, ce qui représente une avancée majeure pour des millions d’entre eux, on peut faire encore mieux : tout comme il est devenu naturel de trier ses déchets ou de privilégier le train, les citoyens sont de plus en plus conscients de l’impact de leur épargne et souhaitent donc qu’elle puisse financer des projets alignés avec leurs convictions. C’est dorénavant possible avec l’émergence d’acteurs de l’investissement responsable de plus en plus nombreux.
En outre, inciter et valoriser la souscription par les salariés à des fonds solidaires et labellisés à travers des PEE et PER, par exemple en accroissant l’abondement de l’entreprise, constitue un puissant levier de politique RSE, mais également un argument de marque employeur : 77% des salariés des PME estiment que les fonds d’épargne responsables au sein de ces dispositifs renforcent leur engagement auprès de leur entreprise⁴.
Pour aller plus loin : "L'ISR sur les principales classes d'actifs"
Mieux informer le salarié pour engager durablement l’épargnant
Cela peut paraît évident, mais lorsqu’on s’adresse à un collaborateur au sujet de l’épargne salariale, on s’adresse aussi, de fait, à un épargnant. Or ces derniers demandent toujours plus de précision dans l’information transmise, que ce soit dans la répartition des investissements par secteur d’activités, les secteurs exclus, l’empreinte carbone estimée du fonds, la répartition par zone géographique, ou encore les labels.
Les entreprises doivent donc collaborer avec des sociétés de gestion de produits capables de présenter un reporting consistant et crédible, non seulement au plan financier mais aussi extra financier, pour montrer comment l’impact social et environnemental sont intégrés à la performance économique des produits proposés. Sécuriser l’avenir et participer à l’économie réelle grâce à son entreprise est donc loin d’être une chimère, et c’est d’ailleurs déjà une réalité pour les 1,3 million de souscripteurs d’épargne salariale solidaire labellisée Finansol⁵.
Par Thierry Sibieude, Président de FAIR.
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¹ Baromètre de la finance solidaire 2024, FAIR
² Baromètre de la finance solidaire 2024, FAIR
³ Sondage FAIR, France Active et OpinionWay : "Les Français et l’épargne solidaire", 2024
⁴ Etude CSA réalisée pour BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises (BNP Paribas E&RE), 2024
⁵ Zoom sur la finance solidaire 2024, FAIR