Les Jeux Olympiques de Paris auront lieu du 26 juillet au 11 août.
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Climat

Des Jeux olympiques peuvent-ils réellement être "neutres en carbone” ?

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Les Jeux olympiques et paralympiques auront lieu du 26 juillet au 8 septembre prochain à Paris. A cette occasion, plus de 15 millions de visiteurs venus des quatre coins du globe sont attendus pour suivre les différentes épreuves dans la capitale. Dès lors, les Jeux peuvent-ils être compatibles avec des objectifs bas-carbone, tels que promis par les organisateurs ? Eclairage. 

Après avoir annoncé sa volonté d’organiser les "premiers Jeux neutres en carbone" lors de la présentation de sa stratégie climat en 2021, le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (Cojop) de Paris 2024 change de braquet et parle désormais de "diviser par deux l’empreinte carbone" des olympiades. Un revirement qui s’explique par la volonté des organisateurs de s’inscrire "en accord avec les recommandations de l’ADEME en matière de communication sur les enjeux climatiques" mais qui témoigne aussi de la difficulté pour un tel événement d'atteindre la neutralité carbone. 

Usée à tort et à travers, cette notion implique en effet de trouver un juste équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique et l’absorption de celles-ci par des puits de carbone. Plus précisément, "de séquestrer autant de carbone que nous en émettons de manière à stabiliser son niveau de concentration dans l’atmosphère et limiter ainsi l’augmentation de la température globale de la planète", comme le note l’ADEME dans un avis publié en 2021.  

Réduire et compenser 

Pour parvenir à cet objectif, il faut donc réduire drastiquement les émissions de CO2 pour que des écosystèmes naturels, comme les forêts, puissent les compenser. Un défi de taille que promet de relever les Jeux de Paris 2024 en s’engageant en amont à ne pas dépasser les 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2, soit deux fois moins d’émissions que les Jeux de Londres en 2012 (3,4 millions) et Rio en 2016 (3,6 millions).  

Si les organisateurs n’ont dévoilé aucune méthodologie qui permette de déterminer comment ce budget carbone a été fixé, ils ont indiqué très tôt avoir misé sur la durabilité en matière de construction en utilisant notamment 95 % d’infrastructures existantes ou temporaires, et en ayant recours au bois pour les ouvrages neufs. L’accent a également été mis sur le recours aux énergies renouvelables, le choix d'une offre de restauration à 60 % végétarienne ou encore l’accessibilité aux différents sites en transports en communs. 

La compensation carbone est également l’une des composantes de la stratégie climat de Paris 2024. Aujourd’hui controversée en raison de son usage à des fins de greenwashing par certaines organisations ou entreprises, cette pratique consiste par exemple à planter des arbres pour restaurer les puits de carbone terrestres et ainsi contrebalancer les émissions de carbone de ses activités. Cela peut aussi passer par des investissements dans les énergies renouvelables.  

Pour aller plus loin : "Sport et écologie : mode d’emploi

Repenser "en profondeur" les JO 

De leur côté, les JO font savoir que, pour les émissions qui n’auront pas pu être évitées, des projets visant à lutter contre le réchauffement climatique seront financés. Cela inclut des projets de reforestation, de préservation de forêts ou de développement d’énergie renouvelable. Le budget alloué serait de 15 millions d’euros. Difficile toutefois de savoir si cela sera suffisant pour compenser les 1,5 millions de tonnes de CO2, étant donné que le détail de cette enveloppe n’a pas été rendu public. 

Dans un rapport publié le 22 avril dernier, l’ONG Carbon Market Watch pointe notamment ce "manque de transparence sur les achats de crédits carbone" qui empêcherait, selon eux, "la bonne compréhension du public" et "une analyse correcte de la responsabilité environnementale de l’événement". 

Par ailleurs, si des efforts ont été réalisés pour rendre les Jeux plus durables, il faudrait, d'après l'ONG, des changements plus radicaux pour que les olympiades soient enfin compatibles avec des objectifs bas-carbone.

"Pour s’aligner sur une trajectoire 1,5°C, il est nécessaire d’adopter des modèles alternatifs qui réinventent en profondeur l’organisation des Jeux", note-t-elle dans son rapport, avant d’ajouter : "Un nouveau modèle pourrait consister à répartir les épreuves olympiques dans différents pays afin de réduire la taille totale des Jeux et de limiter au maximum les déplacements internationaux. Cela encouragerait la participation des spectateurs locaux, et permettrait à un plus grand nombre de personnes d’avoir accès aux Jeux olympiques tout en réduisant leur empreinte globale." Une solution qu’avaient également proposée des chercheurs suisses dans un article publié en 2021 dans la revue Nature Sustainability

Le poids des sponsors 

Cet été, plus de 15 millions de personnes sont attendues dans la capitale, selon l'Office du tourisme de Paris, et 10 millions d'après gouvernement, soit 500 000 par jour pendant les JO et 300 000 par jour pendant les compétitions paralympiques. Les déplacements représentent ainsi un tiers de l’empreinte carbone de l’événement.  

Au-delà de la taille de l’événement, l’ONG Carbon Market Watch plaide aussi pour "la prise en compte de critères climatiques lors de la sélection des sponsors". Et pour cause. La plupart des entreprises partenaires des JO 2024 sont aujourd'hui incompatibles avec l’accord de Paris, à l’image d’Aéroports de Paris, ArcelorMittal ou encore AccorHotels. 

Sponsor historique des Jeux, Coca-Cola est aussi considéré comme le premier pollueur plastique au monde selon l’ONG Break Free From Plastic. De quoi entacher la crédibilité écologique des prochains Jeux et ceux encore à venir. Le partenariat avec la multinationale a été renouvelé jusqu’en 2032 – date des futurs Jeux d’hiver. 

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