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Limites planétaires : 6 des 9 limites sont désormais dépassées...

Le cadre des limites planétaires identifie neuf processus essentiels au maintien de la stabilité et de la résilience du système terrestre dans son ensemble. Tous sont actuellement fortement perturbés par les activités humaines...

Le cadre vise à délimiter et à quantifier les niveaux de perturbation anthropique (due à l’Homme) qui, s'ils sont respectés, permettraient à la Terre de rester dans un état interglaciaire de type holocène. Dans un tel état, les fonctions environnementales mondiales et les systèmes de maintien de la vie restent similaires à ceux observés au cours des 10 000 dernières années, au lieu d'évoluer vers un état sans équivalent dans l'histoire de l'humanité. Cette période de l'Holocène, qui a débuté à la fin de la dernière période glaciaire et au cours de laquelle l'agriculture et les civilisations modernes ont évolué, était caractérisée par des conditions planétaires relativement stables et chaudes. Les activités humaines ont désormais fait sortir la Terre de la fenêtre de variabilité environnementale de l'Holocène.

Le cadre des limites planétaires délimite les systèmes et processus biophysiques et biochimiques qui régulent l'état de la Planète dans des fourchettes historiquement connues et propices au bien-être humain et au développement sociétal observés au cours de l'Holocène.

Actuellement, les perturbations anthropiques de l'environnement mondial sont principalement abordées comme s'il s'agissait de problèmes distincts, tels que le changement climatique, la perte de biodiversité ou la pollution. Cette approche ignore les interactions non linéaires de ces perturbations et les effets globaux qui en résultent sur l'état général du système terrestre. Les limites planétaires apportent une compréhension scientifique des impacts environnementaux mondiaux anthropiques dans un cadre qui appelle à considérer l'état du système terrestre dans son ensemble.

Depuis plus de 3 milliards d'années, les interactions entre la géosphère (flux d'énergie et matériaux non vivants de la Terre et de l'atmosphère) et la biosphère (tous les organismes vivants/écosystèmes) façonnent les conditions environnementales mondiales. L'état du système terrestre s’est modifié en réponse à des changements générés par des perturbations externes (par exemple, l'apport d'énergie solaire) ou des processus internes dans la géosphère (par exemple, la tectonique des plaques et le volcanisme) ou la biosphère (par exemple, l'évolution de la photosynthèse). Aujourd'hui, les activités humaines provoquent un changement supplémentaire substantiel sur le système terrestre.

L'état holocène de la Terre est la référence dans ce contexte, car de nombreux éléments composant le cadre des limites planétaires ont été relativement stables au cours de cette période. C'est également le seul état du système terrestre que les civilisations ont connu au cours de l'histoire. La température moyenne à la surface du globe n'a varié que de ±0,5 °C entre le Néolithique (~ 9000 ans avant aujourd’hui) et la révolution industrielle.

Cette mise à jour du cadre des limites planétaires révèle que six des neuf limites sont dépassées, ce qui suggère que la Terre a divergé d’un espace de fonctionnement sécurisant pour l'humanité. L'acidification des océans est sur le point d'être franchie tandis que le seuil d'aérosols dans l’atmosphère dépasse la limite au niveau régional et seules les quantités d'ozone stratosphérique se sont légèrement rétablies.

Le point de dépassement a augmenté pour toutes les limites précédemment identifiées : le changement climatique, la biodiversité, les cycles de l'azote et du phosphore, l'eau douce, les changements d'usage des sols (comme la déforestation), la pollution atmosphérique et chimique.

Contenu rédigé par François Lett, directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.