Ces conséquences néfastes, d'un bout à l'autre du globe, sont plus fréquentes qu'on ne pense, mais rarement prises en compte ou correctement évaluées, affirme cette étude dans la revue Science.
Ce fardeau pèse souvent sur les zones critiques (hotspots, en anglais) de la biodiversité, riches en faune et flore, selon Andrew Balmford, l'auteur principal.
Ces pays, principalement des nations en développement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, sont de la plus grande importance pour la sauvegarde de la nature mais, paradoxalement, paient le prix des efforts de conservation dans les régions plus riches.
"Dans certains cas, on peut causer plus de tort que de bien", a déclaré à l'AFP Andrew Balmford, zoologue de l'Université de Cambridge. Une interdiction de coupe forestière dans une région de Chine, raconte-t-il, a par exemple entraîné une augmentation des importations de bois de l'Asie du Sud-Est, pourtant d'un plus grand intérêt pour la biodiversité.
"Des compromis délicats à consentir"
L'effet est aussi visible au sein des pays riches: les auteurs citent un projet aux États-Unis pour freiner la destruction de forêts anciennes qui a simplement déplacé les coupes de bois dans les régions voisines.
Le problème est complexe à appréhender et à quantifier, dans le contexte de la mondialisation du commerce. Et si cet effet n'est pas une totale découverte, les auteurs soulignent qu'il à peine été pris en compte par les gouvernements et la politique mondiale.
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"Il n'y a, de manière extraordinaire, aucune mention du problème" dans l'objectif phare adopté par les pays de l'ONU de protéger 30% des terres et des océans de la Terre d'ici 2030, ont-ils déclaré. Selon Andrew Balmford, l'Europe, par exemple, devrait réserver un tiers de son territoire pour protéger la nature sans que les conséquences sur l'alimentation de sa population ne déplacent le problème ailleurs.
"On ne peut pas toujours avoir le beurre et l'argent du beurre... il y a des compromis délicats à consentir", a-t-il déclaré. Les auteurs, dont des experts de la conservation des espaces naturels et des économistes d'une douzaine d'institutions, veulent offrir par cette étude une "critique constructive de l'intérieur", a-t-il ajouté.
"Mais nous estimons qu'il y a un sérieux problème qui a été largement ignoré" dans le domaine de la conversation, a-t-il conclu.
Avec AFP.