La présence de lombrics dans les sols est synonyme d'une terre saine.
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Biodiversité

À quoi servent les vers de terre ?

Souvent considérés comme repoussants, voire nuisibles, les vers de terre sont pourtant essentiels à l’équilibre des sols et des écosystèmes. ID revient pour vous sur le rôle majeur de ce petit animal méconnu.

Aristote les appelait les "intestins de la terre". Les lombrics, communément appelés vers de terre, ont depuis toujours un impact majeur sur la bonne santé des sols. En creusant leurs galeries, ils contribuent à l’aération et à l’irrigation de la terre, une méthode reprise par l’être humain lors du développement de l’agriculture. Ils font également remonter les minéraux vers la surface et participent à la décomposition de la matière organique pour former l’humus, la couche supérieure particulièrement fertile du sol.

De la surface aux profondeurs

Les différentes espèces de vers de terre — plus d’une centaine rien qu’en France, sont divisées en trois grandes catégories. Les vers de terre épigés sont les plus petits, 1 à 5 cm tout au plus. Ils vivent en surface et ne creusent pas de galeries, mais participent au recyclage de la matière organique : feuilles mortes, bois ou encore excréments. Ce sont également eux que l’on retrouve dans les lombricomposts et qui transforment nos ordures ménagères en un terreau fertile, utilisable dans le jardin ou le potager.   

Les vers de terre anécides sont les plus nombreux, et peuvent mesurer jusqu’à 1 m. Ils creusent de profondes galeries verticales dans lesquelles ils transportent les feuilles de la surface dont ils se nourrissent, contribuant ainsi à un brassage important des sols. Leurs déjections, les turricules, sont déposées à la surface et sont riches en nutriments assimilables par les plantes.

Les vers de terre endogés mesurent entre 1 et 20 cm. Ils vivent exclusivement dans le sol et ne remontent jamais à la surface. Ils creusent des galeries horizontales qui permettent aux gaz et à l’eau de mieux circuler dans la terre et aux racines des plantes de s’implanter plus profondément.

"Nourrir le sol pour nourrir la plante"

Les lombrics sont donc essentiels au bon équilibre des écosystèmes. Pourtant, avec le développement de l’agriculture intensive, leur population a fortement diminué jusque dans les années 90. "L’intensification de l’agriculture moderne via ses pratiques de travail du sol et de protection phytosanitaire fatigue les sols, l’appauvrit de sa matière organique. La charrue découpe les lombrics en petits morceaux. Des pesticides sont très toxiques pour certaines espèces de vers. Les sols se compactent, les écosystèmes se dégradent", déplore Daniel Cluzeau, directeur de recherche à l’Université de Rennes, dans un article publié le 28 août 2019 sur le site du ministère de l’Agriculture.

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Mais avec le développement de l’agriculture biologique, les vers de terre tendent à faire leur retour dans les sols. Pour le chercheur, "aujourd’hui, l’agronomie n’enseigne plus à nourrir la plante mais à nourrir le sol pour nourrir la plante". Avant d’ajouter qu’en Bretagne, "même les espèces de grande taille tels les anéciques stricts qui sont très sensibles aux produits chimiques refont leur apparition".