"Plus d'une centaine de députés et députées s'étaient engagés à soutenir cette proposition. Le ministre de l'Agriculture n'a pas tenu parole : il s'est opposé à l'interdiction des plastiques pour cuire (poches de cuisson sous-vide), réchauffer et servir les aliments. Il a désavoué les membres de la commission du développement durable qui avaient voté massivement pour l'interdiction des contenants en plastique à la cantine", explique alors le collectif, déçu certes, mais pas découragé pour autant.
Ce 13 juin au soir à l'espace Malbec, dans le quartier Nansouty, à Bordeaux, ils sont une cinquantaine à se réunir pour interroger la suite. L'ambiance est détendue et l'assemblée attentive quand le médecin de l'ASEF rappelle à quel point il est déconseillé d'utiliser le plastique dans sa cuisine. Certains parents s'inquiètent de savoir si cela vaut aussi pour les moules en silicone utilisé en pâtisserie. "Oui, aussi, et je vous invite à consulter les guides en téléchargement gratuit sur notre site" répond-il avant que la responsable locale de l'association Zero Waste ne revienne sur la question des déchets générés par ce type de contenants : "Il faut réduire à la source, ne plus avoir recours à ces emballages."
Des commissions dédiées
Les représentants de cuisine collective venus assister à la rencontre défendent ensuite leur point de vue : "nous étions novices comme vous, nous n'y connaissons rien !" déclare le vice président du réseau AGORES en expliquant avoir rapidement mis en place des commissions dédiées à ce sujet du plastique. "Notre réactivité a été immédiate, mais au temps de la connaissance et de la prise de conscience s'ajoute celui de la recherche de solutions", se défend-il en rappelant à quel point il est long de faire changer les pratiques... Mais l'argument avancé ne convainc pas : "pourquoi privilégier aujourd'hui les cuisines centrales en liaisons froides produisant chaque jour plusieurs milliers de repas au modèle des cuisines plus petites en liaison chaude ?", interroge une mère de famille. Et le représentant de rappeler le contexte sanitaire : "dans les années 1980, qualité et sécurité étaient les maîtres mots. Les cuisines centrales étaient une réponse sanitaire, mais aussi une réponse aux contraintes économiques imposées par les pouvoirs publics".
Les élus présents, convaincus à la cause, regrettent pour certains l'absence des syndicats : à Bordeaux, la mairie a indiqué avoir opté pour des assiettes en plastique il y a deux ans pour des raisons de troubles musculo-squelettique du personnel de cantine. Quand la mairie a fait machine arrière après que des tests ont fait apparaître des traces de BPA dans les assiettes en plastique utilisées, de nombreuses grèves ont ensuite été organisées par les syndicats désireux d'améliorer les conditions de travail, mais sans trouver de terrain d'entente durable avec les parents soucieux de la santé des enfants et désireux de revenir à une vaisselle plus inerte.
En attendant que les choses changent, certains parents s'organisent en semaine pour faire manger leurs enfants hors de l'école pendant que d'autres songent à aider certains députés à lancer une mission d'enquête ou à soutenir un projet de loi dédié au problème... "Le combat que nous menons, nous ne le faisons pas pour nos propres enfants", soulignent certains, bien conscients du temps encore nécessaire pour faire bouger les lignes. En septembre, le collectif fera paraître un petit livre intitulé "Pas de Plastique dans nos assiettes", de quoi remettre les pieds dans le plat...