Si les bolets, cèpes et autres girolles s’étalent depuis quelques semaines sur les marchés, elles sont loin d’être les seules espèces de champignons qui peuplent les forêts. Les Français ont tendance à connaître les variétés à valeur gustative qui viennent donner une tonalité champêtre aux assiettes. Pourtant, il existe aussi des espèces plus confidentielles, à commencer par les lignicoles. Ces champignons vivent sur les arbres, se nourrissent de bois, et poussent sur les troncs, les branches, ou encore les souches.
Une quête nationale pour apprendre à regarder la forêt autrement
Dans le cadre de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, l’association Noé, pour la protection de la biodiversité et Patrinat, centre d'expertise et de données sur le patrimoine naturel, lancent une quête nationale auprès du grand public pour permettre à chacun de contribuer au recensement scientifique des espèces lignicoles en France métropolitaine. Les participants ont jusqu’au 26 septembre 2024 pour partager leurs connaissances sur la répartition des champignons avec la communauté naturaliste. En effet, les données nationales relatives aux espèces lignicoles sont incomplètes dans certains départements en raison de la méconnaissance des promeneurs, et créant un manque d’informations pour les scientifiques.
Pour participer, la procédure est très simple : rendez-vous sur l’application mobile gratuite INPN Espèces qui propose plusieurs quêtes pour observer et renseigner la biodiversité autour de chez soi. Une fois la mission correspondant aux champignons lignicoles sélectionnée, les participants sont invités à se géolocaliser, prendre une à trois photos, indiquer l’espèce du champignon et de l’arbre support s’ils la connaissent, et enfin indiquer si le support est vivant ou mort. Les scientifiques viennent ensuite valider ou non l’identification, permettant de faire gagner des points aux volontaires.
Au-delà de l’aspect scientifique, cette quête, lancée avec le soutien financier de l’Office Français de la Biodiversité, souhaite faire de la pédagogie auprès du grand public avec un objectif double : apprendre à regarder autour de soi et voir la forêt autrement.
Cinq espèces lignicoles à découvrir
Les cinq espèces sélectionnées pour cette grande quête sont relativement faciles à trouver et aisées à distinguer les unes des autres.
L’Amadouvier (Fomes fomentarius)
Cette espèce est caractérisée par sa couleur gris cendré et son aspect rugueux.
Le sommet est plus clair et change d’aspect au fil du temps. En effet, le bord du chapeau devient sombre en vieillissant. L’hyménium (face inférieure) initialement de couleur crème devient ocre et brunâtre en vieillissant.
Un des signes distinctifs est qu’il ne possède pas de pied et pousse directement sur les vieux arbres feuillus (comme les hêtres, les bouleaux ou les peupliers).
Visible toute l’année, l’amadouvier est comestible mais ne présente pas d'intérêt gustatif. Attention à ne pas le confondre avec le Polypore marginé !
Le Polypore marginé (Fomitopsis pinicola)
Son nom s’explique par son allure : il possède un chapeau constitué de plusieurs couches successives de différentes couleurs : de la plus sombre au centre vers la plus claire sur le bord du chapeau.
Il pousse du mois d’août au mois de février, plutôt sur les troncs et les souches des arbres résineux morts (c’est-à-dire les arbres à aiguilles comme les sapins, les pins ou les mélèzes) contrairement aux autres espèces de la quête.
Attention, il n’est pas comestible !
La Langue de boeuf (Fistulina hepatica)
Cette espèce est assez caractéristique : elle possède un petit pied fixé sur son support, c'est-à-dire qu’elle ne pousse pas directement en demi-lune sur l’arbre.
Son aspect est assez visqueux (elle peut sécréter une sorte de jus couleur rouge brique, à l’image de la teinte d’une langue… d’où son nom). En dessous, elle présente une couleur crème.
La Langue de bœuf pousse sur les arbres feuillus, principalement les chênes et parfois sur les châtaigniers. Elle est présente dans toute la France mais n’est pas très commune : elle se développe rarement en montagne. Elle apparaît au début de l’été et commence à décroître à la fin de l'automne, en novembre.
Elle est comestible uniquement lorsque le champignon est jeune. Attention à ne pas la confondre avec le Polypore hérissé qui lui ne possède pas de pied.
Le Polypore du bouleau (Piptoporus betulinus)
Il porte un chapeau dont la surface est lisse, d’une couleur marron clair au-dessus et blanc en dessous. Son pied n’est pas forcément très visible.
Comme son nom l’indique, il a une préférence marquée pour les bouleaux, et pousse souvent en colonie (c'est-à-dire plusieurs individus les uns à côté des autres).
Présent sur l’ensemble du territoire de septembre à février, ce champignon est comestible, mais devient coriace en vieillissant.
Le Polypore soufré (Laetiporus sulphureus)
Il porte bien son nom : le soufre se rapporte à sa couleur éclatante d’un jaune orangé très reconnaissable. Le bord de son chapeau est particulièrement ondulé.
Il pousse au printemps et à l’automne en éventail sur des arbres feuillus (principalement les chênes et les arbres fruitiers) ainsi qu’en montagne sur les mélèzes.
Attention à ne pas le confondre avec le Polypore géant !
Plus d’informations pour participer à la quête ici.
En partenariat avec Noé.
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