Le partenariat entre l’AFAUP et la Fondation Carrefour est l’un des plus récents, puisqu’il date d’août 2020. Le soutien financier vient en appui de leurs activités de plaidoyer et participe au rayonnement de l'association.
Pouvez-vous m'expliquer comment est née l’association ?
L’association est née fin 2016 : des pionniers en agriculture urbaine se rencontraient de façon informelle, notamment dans les locaux d'AgroParisTech. Au fur et à mesure de ces réunions, ils se sont rendu compte qu'il y avait de plus en plus de porteurs de projets. L’AFAUP est donc réellement partie de la communauté des porteurs de projet, d’un besoin d’échanger, de partager, d’être moins seuls et d’être en synergie. L’association a fonctionné pendant trois ans en auto-financement, mais nous avons désormais besoin d’autres sources de financement, notamment afin de tripler l’équipe.
Nous sommes arrivés à un moment où non seulement les acteurs professionnels de l'agriculture urbaine avaient besoin de se fédérer, mais également où il y a eu un vrai coup de projecteur sur l’agriculture urbaine.
Quelles sont vos missions ?
La première est celle d'animation de cette communauté, du côté des porteurs de projets et des professionnels de l’agriculture urbaine. J'insiste sur le “P” de l’AFAUP parce que cette association fédère des acteurs professionnels qui vivent ou tendent à vivre de leurs projets d'agriculture urbaine. Pourquoi cette distinction est importante ? Parce que cela n'inclut pas les projets qui sont entièrement gérés par des bénévoles, par exemple les jardins partagés, les jardins familiaux, les associations qui font des potagers au pied d'arbres, etc... En revanche, les associations ou entreprises qui animent des jardins partagés, notamment financés par des bailleurs sociaux ou une collectivité, peuvent être adhérentes à l’AFAUP parce qu'il y a une prestation qui est facturée. Nous sommes ainsi une association de professionnels.
C'est un secteur qui est très nouveau, ce sont des façons de réinventer la ville, de la cultiver, donc il y a un énorme travail d'éducation et de sensibilisation à l'égard du grand public bien évidemment mais aussi de toutes les parties prenantes dans un projet.
Cette première mission passe ainsi par des rencontres pour connaître les autres acteurs de son territoire, échanges d’informations, d’actualités, de retours d’expérience. Nous avons également une newsletter qui diffuse toutes les dates importantes, les résultats de notre veille sur le secteur, des CVs de candidats à stages ou embauche. Et nous organisons des ateliers à destination de nos membres et d'autres acteurs professionnels, sur des thèmes qui concernent nos adhérents : modèles économiques, présentation de nouveaux projets, rencontre avec des élus, sujets techniques. Nous proposons des groupes de travail sur des problématiques comme la certification des micro-pousses en bio par exemple, les difficultés rencontrées sur la contractualisation avec les propriétaires du foncier, etc. Des sujets assez précis qui peuvent intéresser tout ou partie de notre communauté.
Notre deuxième mission est de communiquer : c'est un secteur qui est très nouveau, ce sont des façons de réinventer la ville, de la cultiver, donc il y a un énorme travail d'éducation et de sensibilisation à l'égard du grand public bien évidemment mais aussi de toutes les parties prenantes dans un projet. Le gros morceau, ce sont les collectivités et les agences de l'Etat qui voient bien qu'il faut qu'”elles y aillent”, mais ne savent pas forcément comment s'y prendre, sans parler des promoteurs, des architectes, des urbanistes, des paysagistes etc... C’est une grande responsabilité de passer les bons messages de façon didactique, de dire : “Attention, ne lancez pas des projets sans être accompagnés par des professionnels qui savent comment faire, et il y en existe !”. Aujourd'hui on commence quand même, au sein de notre communauté, à avoir un certain recul qui permet d'éviter des écueils et nous avons d’ailleurs fait un gros travail avec l'équipe de la ville de Paris, qui a lancé le concours "Parisculteurs". Ce concours, dont la troisième édition a eu lieu, consiste pour la ville à faire un inventaire de sites très variés qui pourraient potentiellement recevoir un projet. Ils lancent un appel à projets, ils sélectionnent les candidatures, et accompagnent l’installation.
Notre troisième pilier, c'est d'accompagner le développement de la profession. Ce sont des réflexions, des missions ou des plaidoyers qui vont concerner toute la structuration de cet écosystème en France et en Europe. Comme c'est une profession qui surgit sans rentrer dans les cases, et qui opère d'une façon très pragmatique, petit à petit l'appareil juridique et réglementaire va commencer à répondre : nous aimerions qu'il réponde de façon adaptée et sans enfermer les projets dans des cases qui ne seraient absolument pas adaptées. Il faut vraiment que nous fassions un travail très qualitatif avec chacun des acteurs concernés et les parties prenantes, pour que cette structuration de la filière se fasse au bénéfice de tous. L’AFAUP a la capacité de mettre en lien des parties prenantes qui n’avaient pas l’habitude de se parler, en décloisonnant, en montrant la transversalité nécessaire du sujet : public et privé, différents services des collectivités qui ne se parlaient pas, associations et entreprises, etc…
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Nous travaillons également activement sur le lien naissant et puissant entre l’agriculture urbaine et l’agriculture rurale : comme le dit le tout récent rapport du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation sur l’agriculture urbaine, "… ces nouveaux systèmes (...) revêtent une valeur à la fois sociale, culturelle et symbolique extrêmement importante et peuvent être considérés comme une opportunité pour réconcilier la ville et son agriculture." Nous rencontrons donc les chambres d’agriculture, la MSA, la Safer, les syndicats agricoles, les lycées agricoles, etc, pour voir comment nous pouvons contribuer à rapprocher les urbains de la campagne en inspirant, et en suscitant des vocations.
Nous avons des structures d'insertion aussi, c'est important parce que l'insertion par l'agriculture urbaine est un sujet qui est très riche et prometteur, et qui se construit aussi.
Quel est le profil de vos adhérents ?
Nous en avons 85, c'est une diversité absolument étonnante d'acteurs partout en France, avec des projets qui sont portés par des des profils variés : tous les âges, toutes les situations professionnelles, des jeunes diplômés ou des reconversions plus tardives, venant de tous les secteurs de l’économie, même sans rapport avec la culture de la terre ou le végétal.. Ils ont en commun une recherche de sens et un engagement dans la transition vers une société meilleure. Pour faire face à cette demande, les formations se multiplient : courtes ou longues, gratuites ou payantes, diplômantes ou non. Quelques-unes donnent même un diplôme agricole, le BPREA. Nos adhérents ne sont pas tous des producteurs, ils se situent sur toute la chaîne de valeur du secteur : certains sont des consultants qui accompagnent les collectivités, d’autres aident à concevoir les fermes, quelle que soit la technique de culture choisie (plein sol, bacs, aquaponie, en hydroponie, en permaculture, etc). Certains fournissent du matériel, d’autres sont des bureaux d’études. Nous avons aussi des acteurs de compostage local qui font partie l'agriculture urbaine qui est totalement en ligne avec les principes de l’économie circulaire : on peut cultiver sur les déchets de la ville ! Nous avons des structures d'insertion aussi, c'est important parce que l'insertion par l'agriculture urbaine est un sujet qui est très riche et prometteur, et qui se construit aussi.
Nous disons toujours que nous sommes la seule tête de réseau de l'agriculture urbaine professionnelle en France.
L’ AFAUP en chiffres :
-85 adhérents qui au total utilisent 600 sites de production, soit 80 hectares
-600 emplois générés.
-100 adhérents au total prévus d’ici la fin de l’année
Vous êtes la seule fédération de ce type dans le secteur ?
Tout à fait ! Nous disons toujours que nous sommes la seule tête de réseau de l'agriculture urbaine professionnelle en France. Une association qui regroupe toutes les cultures et travaille sur les différentes problématiques de l'agriculture urbaine, nous n’en voyons pas d’autre. Il faut imaginer qu'à notre Assemblée Générale, nous allons avoir des pionniers historiques de potagers pédagogiques dans les collèges à côté d’entrepreneurs qui ont levé de grosses sommes auprès de financeurs privés pour faire des cultures en indoor... C'est passionnant d'avoir tous ces profils dans la même salle. Dans l'agriculture urbaine, on voit émerger cette nouvelle façon d’interagir avec les autres, de raisonner, de travailler qui est totalement décloisonnée, où il n'y a plus de silos.
La Fondation Carrefour vous soutient ainsi sur l'ensemble de votre travail ?
Exactement. C'est un sujet qui les a beaucoup séduits. Financer l’AFAUP leur permet d'accompagner la structuration de toute la filière, ce qui est un beau et vaste défi !
En partenariat avec la Fondation Carrefour.
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