Avec son pull vert, ses inventions économes en énergies et son rapport au travail, Gaston partage sans nul doute nombre de valeurs promues par les écologistes. Pour beaucoup, il avait tout bon avant l'heure (la première BD est sortie dans Spirou en 1957 et le premier album a été publié en 1960) et c'est un hommage sympathique et amusé que lui rendent les différentes personnalités (que des hommes !!) interrogées dans ce hors-série de Mega Spirou.
Ainsi, Hubert Reeves le qualifie de "patenteux", terme québécois qui indique "un créateur sans recette, plus dans l'improvisation que dans l'invention" avec une pensée pragmatique sans limite... qui en font donc un "esprit remarquable" comparable à ceux qu'étaient Galilée ou Léonard de Vinci : "comme eux, Gaston se donne des buts qui semblent impossibles à atteindre. Mais il se donne aussi la patience nécessaire pour essayer de mener ses projets à bien", relève encore l'astrophysicien. On apprend aussi que Cyril Dion (auteur, réalisateur de Demain) a lu "tout Gaston" et s'est toujours amusé de son côté "anti-finance" et de sa bienveillance avec les animaux.
Franquin a vraiment inventé l'homme d'après 68 le plus abouti !
Ce Hors-Série donne aussi beaucoup d'informations sur le tournage du film réalisé par Pierre-François Martin-Laval (danse-annonce dans la vidéo ci-dessous). L'acteur qui incarne Gaston, le jeune Théo Fernandez, a du s'entraîner pour avoir la posture demandée (souvenez-vous, en "S") et n'a cessé de trembler des jambes que le jour où son père lui a dit que c'était une posture très puissante à travailler en Taï-Chi, c'est dire !
On y fait aussi la connaissance d'un vrai Gaston dans l'âme en la personne du trentenaire David Foutimasseur, un Suisse de 31 ans qui aime "foutimasser", verbe utilisé en Suisse Francophone pour exprimer que l'on fait quelque chose qui n'a pas d'importance... En l'occurence, il a reproduit plusieurs des inventions de notre héro, telles la Gastomobile ou le petit kart de bureau de Gaston, voyez plutôt :
Notez que le Nouveau Magazine Littéraire du mois d'avril met aussi Gaston à l'honneur en cherchant ce qui, "dans sa pensée, son éthique, et même sa sexualité lagafienne perceptibles", que le journaliste Alexis Brocas cherche "les ferments d'une hypothétique philosophie de Lagaffe". J'avoue : je n'ai pas compris toutes les références philosophiques données, mais je me suis régalée à lire ce papier tant j'ai appris à sa lecture - et sur Gaston, et sur certains courants philosophiques qui, ainsi éclairés, me paraissaient plus clairs. Franquin a vraiment inventé l'homme d'après 68 le plus abouti !