Jusqu'en septembre 2025, 6 fruits et légumes « C’est qui le Patron ?! » seront co-construits avec les consommateurs.
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"C'est qui le Patron ?!" se lance dans les fruits et légumes solidaires

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La marque du consommateur se lance dans un nouveau chapitre, après la filière laitière : aider les producteurs de fruits et légumes. Jusqu'en septembre 2025, six fruits et légumes "C’est qui le Patron?!" seront co-construits avec les consommateurs en soutien aux producteurs et lancés en rayon des grandes surfaces : cerises, pommes, oignons, ail, échalotes et carottes.

"C'est qui le patron ?!" annonce un nouveau chapitre de son histoire et s'attaque désormais aux fruits et légumes. Pourquoi ? La marque créée par les consommateurs en soutien aux producteurs, l'explique par trois raisons majeures : 

"- parce qu’1 fruit ou légume sur 2 consommés en France vient de l’étranger ;

- parce que chaque année, les surfaces agricoles dédiées aux fruits et légumes diminuent dangereusement ;

- et parce que les récentes manifestations de producteurs ont souligné l’urgence d’agir".

"Dans cet univers où acheteurs et producteurs négocient les prix des fruits et légumes tous les jours, où les cours français et mondiaux varient en permanence, les producteurs ont besoin davantage de sérénité pour pouvoir se projeter, investir dans leurs exploitations et les transmettre : nous allons mettre en place un prix fixe, garanti et stable", pointe la marque. 

Nicolas Chabanne
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Il s'agit d'une nouvelle étape marquante pour la démarche "C'est qui le Patron?!". Rappelons qu'en 2016, en pleine crise du lait, Martial Darbon, producteur de lait et président de la coopérative BVS (Ain), décidait de réagir... et qu'avec le soutien de Nicolas Chabanne et Laurent Pasquier, cette marque naissait, garantissant une juste rémunération aux producteurs grâce aux consommateurs. Depuis, 17 produits solidaires ont été collectivement créés et plus de 3 000 familles de producteurs sont soutenues partout en France selon les chiffres avancées par La marque du consommateur. Celle-ci travaille aussi à la création d’un emmental râpé solidaire 100  % français.

À quoi s'attendre pour les fruits et légumes ? ID en a discuté avec Elsa Satilmis, responsable fruits et légumes.

Dans quel contexte la décision de s'intéresser aux fruits et légumes est-elle venue ?

L'an dernier, en plein pendant les manifestations agricoles, les producteurs nous ont sollicités et ont alpagué Nicolas Chabanne sur les plateaux télé. Ils nous ont aussi envoyé pas mal de mails en nous disant : "On a besoin que vous nous aidiez à faire la même chose que ce que vous avez fait sur le lait, cette fois-ci pour les fruits et légumes". Ils nous disaient : "Les fruits et légumes, personne n'en parle, mais la situation est dramatique et nous avons perdu énormément de producteurs ces dernières années, la production française en la matière est en chute globale".

Sur les cerises de taille moyenne, qui est le gros de leur production, ils ne sont pas rémunérés au juste prix. On ne pouvait pas passer à côté. 

C'est vrai qu'en faisant nos courses, si on achète français, on se dit qu'on a fait notre bonne action... Mais en même temps, on n'a pas tellement d'informations sur le mode de production et sur la façon dont sont rémunérés les producteurs. À la télévision, on parle tout le temps des agriculteurs qui ne s'en sortent pas, et malgré tout, même dans les fruits et légumes, nous avons des prix qui augmentent. C'est donc un peu dur de s'y retrouver.

Nous avons décidé de commencer par les filières dont les coûts varient le moins au cours d'une saison, comme la démarche veut que nous ayons un prix fixe voté toute l'année. Donc les oignons et les pommes, notamment. Des fruits et légumes peut-être moins fragiles, même s'ils le sont quand même.

L'exception, c'est la cerise : nous ne nous étions pas rendu compte que les producteurs étaient autant en difficulté. Les cerises, ça coûte cher dans les magasins, donc on ne se dit pas mécaniquement qu'ils ne doivent pas s'en sortir. Plusieurs de ces producteurs sont sociétaires de "C'est qui le Patron ?!" et nous ont contactés en nous demandant d'aller voir la réalité sur place. Or, il y a 30 % de producteurs en moins ces dix dernières années, la production chute de la même manière, ils n'arrivent pas à transmettre leurs exploitations... Sur les cerises de taille moyenne, qui est le gros de leur production, ils ne sont pas rémunérés au juste prix. On ne pouvait pas passer à côté. 

Capture écran "C'est qui le Patron ?!"
©DR/La marque du consommateur

Pour l'instant, c'est encore au stade de projet ? Il y a des questionnaires, pour ces fruits et légumes, que les consommateurs sont invités à remplir ?

Oui, le questionnaire de la cerise est en ligne jusqu'au 2 avril. Cela nous permet de créer la cerise solidaire que nous voudrions voir dans les rayons dès la fin mai. On vient de mettre en ligne le deuxième questionnaire, celui de la pomme. De la même manière, on se demande par exemple si on ne veut que des pommes de catégorie 1, donc que de très bonnes pommes homogènes, ou si l'on accepte celles qui ont des petits défauts d'aspect. Le questionnaire sera en ligne jusque début juin et les pommes arriveront dans les rayons dès septembre/octobre. On repart de nos choix, de notre volonté en tant que consommateurs. Ce n'est pas du marketing. D'ici deux à trois semaines, les questionnaires concernant les oignons et les échalotes seront publiés.

Vous attendez donc de compiler ces informations pour savoir concrètement ce que vous allez proposer en magasin...

Oui et le prix final voté va dépendre des choix que nous ferons. C'est en cours, mais ce sera forcément des produits qui répondront à nos attentes. Les enseignes ne prennent pas trop de risques car ce sont leurs clients qui votent pour ce qu'ils veulent acheter. 

Pour aider les producteurs, il faut les aider sur les volumes donc c'est assez logique que nous allions encore mettre ces produits dans les rayons des grandes surfaces."

Vous sentez que les consommateurs ont conscience de la réalité de ce que vivent les producteurs ?

Nous venons d'avoir les résultats d'un sondage qui montre que les Français sont prêts à agir pour soutenir les producteurs. (...) Il y a une prise de conscience et surtout une envie d'aller soutenir ceux à côté de chez eux. Mais ils ne savent pas par où commencer. "C'est qui le Patron ?!" offre une transparence totale. C'est nous, consommateurs, qui décidons, c'est nous qui allons vérifier sur les exploitations que l'argent va bien aux producteurs.

Sur la cerise par exemple, il manque 1,50 euro par kilo au producteur pour qu'il puisse être rémunéré au juste prix. Quand on regarde ce que nous consommons comme cerises par an, individuellement, c'est 400 grammes. Cela ne représente donc que 60 centimes de notre poche pour avoir encore des producteurs français demain et pour pouvoir contrôler ce que nous mangeons. Sinon, ça viendra de l'étranger et nous aurons moins notre mot à dire sur les méthodes de production.

Tout sera disponible en rayon au fur et à mesure de l'année en 2025, dans la plupart des grandes surfaces ?

Oui, comme pour le lait, nous allons voir les enseignes de la grande distribution. Aujourd'hui, ces produits solidaires n'existent pas dans les rayons. Il est temps et les distributeurs prennent pas mal la parole sur les initiatives qu'ils prennent pour aider les producteurs. C'est l'occasion pour eux de montrer qu'ils s'engagent. Pour aider les producteurs, il faut le faire sur les volumes donc c'est assez logique que nous allions encore mettre ces produits dans les rayons des grandes surfaces. C'est là, encore, que la plupart d'entre nous faisons encore nos courses. 

Le lait "C'est qui le Patron ?!" est très identifiable. Comment allez vous faire concernant les fruits et légumes, pour que l'on comprenne que c'est vous ?

C'est une grande question ! Nous sommes obligés dans un premier temps de passer par des emballages. Sur la cerise, ce sera une barquette. Nous souhaitons avoir du vrac mais il faut voir avec les magasins, qu'ils jouent le jeu par exemple avec un corner spécifique, pour être sûr d'avoir une traçabilité et une transparence sur le produit. 

Réfléchissez-vous à d'autres produits pour la suite ?

L'emmental arrivera normalement en septembre, il est assez demandé par les consommateurs. Sur les fruits et légumes, nous attendons de voir ce que cela donne. Les producteurs de poires aimeraient aussi que nous les aidions, idem pour les poireaux et les endives. Mais le but de "C'est qui le Patron ?!" n'est pas de créer plein de produits, c'est plutôt d'agir comme une boussole dans le rayon pour permettre à d'autres acteurs de s'emparer du sujet.