Les produits d'épargne peuvent avoir un impact sur l'environnement.
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Comment mettre son épargne au service du développement durable

Malgré une croissance continue depuis plusieurs années, l'investissement socialement responsable reste relativement peu connu du grand public, en raison notamment d'un défaut d'information de la part des établissements financiers. Pourtant, des solutions de placements existent.

La transition vers un modèle financier plus "vert" ne se fera pas sans une mobilisation accrue des citoyens -et notamment de leur épargne-, ne cessent de clamer les experts du secteur. Pourtant, en dépit de l'intérêt maintes fois souligné des Français pour des placements attentifs, en plus de la performance économique, aux enjeux du développement durable, l'investissement socialement responsable (ISR) et plus largement la "Finance Utile", qui répondent à cet appétit, restent encore peu connus du grand public. Et ce malgré une croissance constante du marché ces dernières années.

Défaut d'offre et de promotion

En cause notamment, le défaut de promotion des produits permettant d'accéder à cette forme d'investissement de la part des établissements financiers, mais également la pauvreté globale de l'offre de solutions de placements "responsables", constate Sandrine Colas-Jacomme, directrice générale de Sycomore Family Office : "Aujourd’hui, on a une convergence dans les attentes des Français entre la recherche de la rentabilité financière et le besoin d'exercer, via son épargne, un impact positif sur la société et/ou l'environnement. Pourtant, il n’y a pas eu ces dernières années de mouvement de la part des banquiers et des assureurs en faveur de la création de produits, de cadres d’investissement dédiés à la finance utile".

Une situation qui devrait néanmoins s'améliorer au cours des prochaines années, analyste-t-elle, avec une prise en compte accrue des préoccupations des épargnants de la part des établissements financiers, soutenue par l'évolution du cadre réglementaire. La future loi PACTE, qui doit reconnaitre le statut d'entreprise à mission, ou encore la volonté affichée il y a quelques mois par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, de proposer une unité de compte labellisée climat pour tous les contrats d'assurance vie ou de réformer le livret de développement durable dès 2018 devraient y aider, avec l'ambition d’"offrir à chaque Français, la possibilité de placer leur épargne dans un produit qui finance la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique". Des avancements nécessaires, à l'heure où 72 % des investisseurs individuels souhaitent que les enjeux du développement durable soient inclus obligatoirement dans les produits d'épargne et où 41 % des Français estiment que l'ISR pourrait renforcer leur confiance dans la gestion de leur argent-

Les solutions de placements disponibles

En attendant, il est d'ores et déjà possible à chacun de donner plus de sens à son épargne, en fléchant son argent vers des entreprises dont les stratégies considèrent la notion de responsabilité sociale et environnementale, via différentes solutions de placements permettant de souscrire à des fonds ISR :

  • Un compte titres ordinaire
  • Un plan d'épargne entreprise (PEE) ou de retraite collective (PERCO) : depuis 2010, les entreprises ayant mis en place un fonds commun de placement d'entreprise (FCPE) sont dans l'obligation de proposer au moins un fonds solidaire, dont une partie des actifs est investie dans des projets d'utilité sociale ou environnementale. Plus globalement, de nombreux FCPE ISR existent sur le marché.  Certaines gammes ISR, dont la liste est disponible sur le site officiel, sont d'ailleurs labellisées par le Comité Intersyndical de l'Epargne Salariale (CIES), dont le cahier des charges assure entre autres la qualité de la gestion socialement responsable. Ces dernières représentent actuellement 80 % de l’épargne salariale ISR.
  • Un plan d'épargne en actions (PEA), qui permet de gérer un portefeuille d'actions en bénéficiant d'une fiscalité avantageuse à condition de le conserver au moins 5 ans. Pour savoir si un fonds ISR est éligible au PEA, il est notamment possible de se rendre sur le site Morningstar, dont l'outil "sélecteur de fonds" propose de filtrer les fonds selon cette compatibilité.
  • Une assurance-vie en Unités de Compte, si le contrat le prévoit et que le fonds souhaité est éligible.
  • Certains produits d’épargne retraite individuelle (Madelin, plan d’épargne retraite populaire…)

Généralement, pour connaître les caractéristiques d'un fonds (éligibilité à un produit, composition du portefeuille, labellisation...), il suffit de se rendre sur la fiche publique de ce dernier, ou d'utiliser les moteurs de recherche de sites tels ceux de Novethic ou de Novafi. Les conseillers financiers (banquiers, assureurs, conseillers en gestion de patrimoine...) sont également tout désignés pour accompagner les épargnants dans l'identification des fonds répondant à leurs attentes et dans la sélection des placements.

Quid de la finance solidaire ?

A la différence de l'ISR, avec qui elle partage une "même motivation de départ (qui est) l'intérêt général", explique Sandrine Colas-Jacomme, la finance solidaire permet de diriger son épargne vers des entreprises non cotées, souvent absentes des circuits financiers classiques, et est largement portée par les investisseurs particuliers, avec la promesse d'un engagement supplémentaire en financant des activités "en fonction de leur utilité effective en matière de lutte contre l’exclusion, de cohésion sociale ou de développement durable". Les épargnants souhaitant épargner solidaire peuvent le faire via :

  • la souscription à un fonds solidaire dans le cadre d'un PEE ou PERCO
  • la souscription au capital d'une entreprise solidaire
  • la souscription d'un placement solidaire auprès de leur mutuelle d’assurance ou de leur banque

Dans ce dernier cas, il est alors possible d'opter pour deux solutions :

  • une partie des intérêts du placement est reversée sous forme de dons à des associations
  • ou alors l’argent est directement investi (tout ou partie) pour soutenir des activités à forte utilité sociale et environnementale