En 2023, 239 000 tonnes brutes d’huiles usagées ont été collectées en France, un chiffre imposant qui illustre l’ampleur des défis environnementaux liés à leur gestion. Dans ce contexte, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC), a instauré, le 1er janvier 2022, un nouveau régime de responsabilité élargie du producteur (REP) pour les huiles minérales ou synthétiques, lubrifiantes ou industrielles.
Pour répondre à cette nouvelle responsabilité, des producteurs de lubrifiants, représentant 80% du marché français, se sont organisés pour créer l’éco-organisme de la filière. C’est ainsi qu’est né Cyclevia, officiellement agréé en mars 2022 pour six ans, avec l’objectif d’accompagner la transition vers une gestion plus durable des huiles usagées.
Une mission globale au service de la filière et de l’intérêt général
Cyclevia a une mission claire : prendre en charge la gestion des huiles usagées pour le compte de ses adhérents, les metteurs de marché. "Depuis le lancement de notre activité, notre rôle est exclusivement financier. Si nous soutenons la collecte et la régénération du déchet, notre prise en charge porte aussi sur l’amont de la filière. À ce titre, nous incitons les producteurs à concevoir des lubrifiants plus propres, et aussi les détenteurs à appliquer les bons gestes face à ce déchet dangereux. Mais à partir de 2025, notre activité évoluera vers un modèle plus opérationnel, comme le stipule notre cahier des charges" explique André Zaffiro, directeur général de Cyclevia.
Cette nouvelle phase marque un deuxième chapitre de l’histoire de l’éco-organisme, qui pourvoira aussi à cet instant aux opérations de collecte et de traitement des huiles usagées. Cependant, son objectif n’est pas de se substituer aux professionnels en place. Cyclevia cherche plutôt à confirmer sa position d’acteur clé en nouant des partenariats avec les différents opérateurs du secteur.
Des expérimentations pour répondre aux défis des territoires
Pour accompagner cette montée en puissance, Cyclevia a d’ores et déjà lancé plusieurs expérimentations, notamment dans les territoires d’outre-mer. "Par exemple, en Guadeloupe, nous avons développé un réseau de points d’apport volontaire, en partenariat avec un réseau d’enseignes de la réparation automobile. Là-bas, la relation aux véhicules est différente de la métropole : de nombreux particuliers entretiennent eux-mêmes leurs véhicules, ce qui génère des volumes significatifs d’huiles usagées, mais aussi des pollutions potentielles car peu ont conscience de sa dangerosité."
Il faut alors innover pour capter les petits volumes, souvent détenus par les particuliers ou les petits professionnels, régulièrement très dispersés et potentiellement très polluants, faute de savoir-faire et d’information.
Un dispositif qui inspire des initiatives similaires dans d’autres territoires, comme à Mayotte au printemps prochain, mais aussi dans l’Hexagone. "Un appel à projets a récemment été lancé dans ce sens pour expérimenter ce modèle. L’objectif est de renforcer le maillage des déchèteries pour que la distance ne soit plus un frein à l’action. L’idée est aussi de nous rapprocher des habitudes de consommation de nos détenteurs."
Accompagner la filière en temps réel et sur le long terme
Et ces initiatives commencent à porter leurs fruits. Moins de trois ans après son lancement, Cyclevia affiche un bilan très encourageant, qu’il partage aussi avec des opérateurs engagés. En 2023, la collecte atteignait un taux de 60%. La régénération quant à elle dépassait les 80%. Mais l’éco-organisme, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, devra redoubler d’effort dans les prochaines années pour aller chercher les derniers litres d’huiles usagées.
"D’après une étude de l’ADEME, le taux de collecte maximal atteignable est de 68 %", précise André Zaffiro. "Cela s’explique par le fait qu’une partie de l’huile est consommée ou perdue lors de son utilisation. Les premiers progrès se sont faits assez naturellement, car les plus gros gisements de déchets sont détenus par les professionnels et sont plutôt bien identifiés. Mais plus on se rapproche de ce plafond de verre et plus cela devient compliqué. Il faut alors innover pour capter les petits volumes, souvent détenus par les particuliers ou les petits professionnels, régulièrement très dispersés et potentiellement très polluants, faute de savoir-faire et d’information. Cette situation représente pour nous un défi considérable."
À partir de 2025, le rôle plus opérationnel de Cyclevia sera une des clés des succès à venir. À moyen terme, une autre évolution de taille devrait aussi venir renforcer l’action de l’éco-organisme : l’intégration des emballages de la filière à son périmètre de responsabilité, aujourd’hui concentré sur les huiles elles-mêmes.
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Permettre à chacun de réduire son impact
Plus largement, la démarche de Cyclevia ouvre également des perspectives pour les entreprises désireuses de réduire leur impact environnemental. Confier leurs huiles usagées à l’éco-organisme ne sera pas anodin et leur permettra d’intégrer une approche responsable et transparente, où chaque déchet sera tracé et bénéficiera d’un traitement orienté vers la régénération. Un modèle qui s’inscrit pleinement dans une logique de décarbonation et d’économie circulaire, où la réutilisation des déchets remplace leur destruction, pour contribuer activement à la transition écologique.
En partenariat avec Cyclevia.