Les multinationales prennent désormais moins l'avion, mais 44 % des 326 entreprises du classement n'ont toujours pas d'objectif en matière de voyages d'affaires.
©Leszek Stępień/Pixabay
Entreprises

Les voyages d'affaires ont diminué d'un tiers par rapport aux niveaux de 2019

Article réservé aux abonnés

Les voyages d'affaires des plus grandes entreprises mondiales ont chuté de 34 % entre 2019 et 2023, selon la quatrième édition du classement Travel Smart. Celui-ci classe 326 entreprises américaines, européennes et indiennes en fonction de 11 indicateurs relatifs aux émissions des transports aériens, aux objectifs de réduction et à la communication d'informations. 

Une bonne nouvelle, mais encore des progrès à faire. Selon Travel Smart, une campagne globale dirigée par Transport & Environment, si les multinationales prennent désormais moins l'avion, l'un des principaux obstacles au progrès demeure puisque 44 % des 326 entreprises du classement n'ont toujours pas d'objectif en matière de voyages d'affaires, "ce qui compromet les progrès globaux". 

"Cette absence d'objectifs est particulièrement inquiétante dans le cas des entreprises qui volent le plus", estime l'organisation européenne regroupant une cinquantaine d'organisations non gouvernementales actives dans le domaine du transport et de l'environnement.

Les entreprises reçoivent une note A, B, C ou D. Dans ce classement, 21 entreprises ont obtenu la note A, 35 la note B et l'écrasante majorité (242) a reçu la note C. Un total de 28 entreprises a reçu la note D. Les données relatives aux émissions correspondent entièrement à l'année 2023. 

"Comme les années précédentes, le classement distingue 25 entreprises mondiales dont l'empreinte aérienne est la plus importante, mais qui n'ont pas d'objectifs, précisent les auteurs de l'étude. (...) Ces 25 entreprises, dont certaines prétendent être des leaders écologiques, n'ont pas pris de mesures crédibles pour fixer des objectifs depuis des années, bien que leurs vols émettent chaque année un total de 6,9 Mt de CO2. Cela équivaut à l'empreinte climatique de 48 000 vols simples entre Paris et New York, ou à 1,3 fois les émissions annuelles de l'aviation belge. En outre, au moins 19 des plus grands voyageurs - ou leurs PDG - possèdent ou affrètent des jets privés." 

Certaines entreprises leaders des secteurs de la finance, de la pharmacie et de l'industrie manufacturière ont même augmenté leurs émissions liées aux voyages d'affaires, parfois de manière considérable.

D'autres entreprises montrent qu'il est à la fois "possible et compatible avec la réussite d'une entreprise de réduire le nombre de vols".

On apprend par exemple que les vols d'affaires d'AstraZeneca ont diminué de 52 % depuis 2019. "L'entreprise d'emballage alimentaire Tetra Pak, qui s'est fixé un objectif en 2019, a réduit ses émissions de 41 % depuis lors, tandis que Swiss Re, qui s'est fixé un objectif depuis 2020, émet 67 % de moins qu'en 2019", est-il aussi pointé. Ce sont toutes des entreprises leaders dans leur secteur lorsqu'il s'agit de traiter l'impact climatique de leurs voyages d'affaires.

"Cette année, sept entreprises sont passées de B à A dans le classement Travel Smart, est-il précisé. Les sociétés de conseil SGS et Arthur D Little ont fixé de nouveaux objectifs en matière de voyages d'affaires, tandis que LTI Mindtree, Roland Berger et McKinsey ont relevé l'ambition de leurs objectifs existants. Enfin, cinq autres entreprises ont commencé à rendre compte de l'impact climatique total de leurs voyages d'affaires en incluant les émissions autres que le CO2."

L'évolution vers les voyages utiles et la réduction du nombre de vols est évidente. De nombreuses entreprises y parviennent tout en restant compétitives. Cependant, certains retardataires mettent en péril l'ensemble des progrès réalisés. Il est temps que les grands pollueurs qui n'ont pas d'objectif suivent l'exemple des autres". 

Denise Auclair, responsable de Travel Smart

L'importance des objectifs

Aussi, ce qui ressort de cette étude est que les entreprises qui mettent en place des objectifs réalisent en moyenne des réductions plus importantes des émissions liées aux voyages d'affaires. Les entreprises qui ont fixé des objectifs spécifiques pour les voyages en avion ont réduit leurs émissions de 48 % depuis 2019. En revanche, celles qui se sont fixé un objectif moins spécifique pour les voyages d'affaires ont réduit leur empreinte de 41 %. Les entreprises ayant un objectif plus large (incluant les voyages d'affaires ainsi que d'autres sources d'émissions) ont enregistré des réductions de 35 %. Les entreprises qui n'ont pas d'objectif en matière de voyages d'affaires ont réduit leurs émissions de seulement 28 %.

Selon Denise Auclair, des objectifs spécifiques sont ainsi essentiels pour la responsabilité climatique des entreprises, afin de réduire avec succès les émissions liées aux voyages d'affaires. 

Transport & Environment vise avec cette campagne à réduire les émissions des vols d'affaires, car il s'agit, selon l'organisation européenne, "du moyen le plus efficace de réduire les impacts de l'aviation sur le climat d'ici 2030". Transport & Environment précise que les voyageurs d'affaires représentent environ 12 % de passagers, mais jusqu'à 75 % de revenus sur certains vols. "Leurs choix ont donc un effet de levier important sur l'industrie aéronautique".