Des militants écologistes lors d'un rassemblement contre le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres.
©LIONEL BONAVENTURE/AFP
Environnement

2 minutes pour comprendre les polémiques autour de l’A69

Depuis des mois ce projet cristallise des oppositions sociales, écologiques et économiques virulentes. Retour sur ces désaccords pour les comprendre en moins de deux minutes.

Les travaux de l’autoroute A69, qui doit relier Castres à Toulouse, sont suspendus jusqu’à vendredi. Une décision qui fait suite à la grève de la soif entamée par Thomas Brail et deux autres militants en protestation au projet. Mais pourquoi tant de polémiques ? Explications.

Un projet en discussion depuis des années

Le projet n’est pas nouveau. En 1994,  les pouvoirs publics proposent déjà d’élargir la nationale qui relie Castres à Toulouse. En 2010 il est finalement décidé de construire l’A69, autoroute privée et à péage. Prévu pour fin 2025, le coût de cette autoroute est estimé à 450 millions d’euros, dont 23 millions d’argent public.

L’utilité du projet en question

Désenclavement 

Les partisans de cette autoroute avancent principalement l'argument du désenclavement de Castres et du sud du département du Tarn. Ils considèrent cette autoroute comme essentielle pour stimuler l'activité économique et sociale de la région.

Cependant, ce premier argument ne convainc pas les opposants au projet, y compris les  chercheurs de l’Institut national universitaire Champollion, à Albi, qui assurent que "les recherches en aménagement du territoire n’ont jamais démontré que la création d’une infrastructure de transport était automatiquement synonyme de développement social et économique pour les territoires concernés". Les opposants au projet contestent également le caractère enclavé du territoire, déjà relié par à Toulouse par la nationale. Le gain de temps généré grâce à l’autoroute est estimé à une quinzaine de minutes. 

Fréquentation de l’autoroute 

Pour les détracteurs de l’autoroute, la fréquentation de la voie routière ne justifie pas un aménagement autoroutier. La nationale existante n’est pas saturée et La voie est libre, collectif citoyen mobilisé contre le projet, estime que l’autoroute A69 ne serait empruntée que par 7000 automobilistes par jour. Atosca, concessionnaire de l’autoroute, table sur un peu plus de 10 000 véhicules par jour à la mise en service de la voie et 12 000 en 2045.

Le prix de l’autoroute 

L’aller-retour pour le trajet Castres-Toulouse est estimé à 17 euros, un prix "profondément antisocial et discriminatoire" pour La voie est libre. Dans un communiqué du 9 octobre, gouvernement, région Occitanie et département du Tarn ont annoncé être prêt à poursuivre le travail pour "améliorer les conditions tarifaires de l’autoroute" sans toutefois donner plus de détail. 

Un projet en contradiction avec l’urgence écologique ? 

Le cœur des oppositions au projet autoroutier réside dans son impact environnemental. Selon la préfecture du Tarn, les travaux affecteront 420 hectares, dont 316 hectares de terres agricoles. Il entraînera également la destruction de milliers d'arbres et de vastes zones boisées. En 2022, le Conseil National de la Protection de la Nature et l'Autorité Environnementale se sont opposés à l’A69, la jugeant "anachronique" par rapport aux objectifs de sobriété actuels.

Bien que les autorités en faveur du projet aient souligné qu’il est prévu de replanter cinq fois plus d'arbres que d’arbres seront coupés, les militants et les scientifiques critiquent cet argument. En septembre, 200 scientifiques interdisciplinaires de L’Atécopol, Atelier d’écologie politique de Toulouse, ont souligné que le remplacement d'un arbre mature par cinq jeunes arbres était une vision simpliste de la compensation écologique, et que les services écosystémiques et la capacité à absorber le carbone d'un arbre mature ne pouvaient être remplacés de cette manière.

Et le droit ? 

Plusieurs actions en justice ont déjà été déposées contre le projet autoroutier par des organisations associatives et des citoyennes. Dernier en date : un recours en référé soumis au tribunal administratif de Toulouse en septembre. Le 6 octobre, le tribunal émet un jugement favorable à la construction de l’A69. C’est la quatrième fois que la justice se prononce en faveur du projet autoroutier.

Invité dans l'émission C à vous, le 4 octobre, Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, a avancé qu’il n’était pas possible de continuer actions militantes et tribunes lorsque des "décisions démocratiques et des procédures juridiques ont été utilisées." Cependant, les militants opposés à l'autoroute insistent sur le fait qu'un recours au fond, visant à annuler les autorisations environnementales accordées à Atosca, est toujours en cours, et réclament la suspension du projet jusqu'à ce que celui-ci soit jugé. Ils font également valoir que, même si les travaux ont commencé, il n'est pas trop tard pour réorienter le projet. La Voie est Libre propose diverses alternatives à celui-ci, notamment la création d'une véloroute et la modernisation de la route nationale existante.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”. 

Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien ! 

Cliquez ici pour découvrir et précommander votre guide Idées Pratiques. 

#TousActeurs