La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), sorte de "GIEC de la biodiversité", vient de publier plusieurs rapports inquiétants à l'issue de sa 6e session plénière achevée le 24 mars en Colombie : ceux-ci font suite à trois ans de recherches sur l'état de la biodiversité mondiale, menées par plus de 550 experts. Le constat est préocuppant : nous sommes entre autres confrontés à "une extinction massive d'espèces", une première depuis la disparition des dinosaures, et ce déclin menace le bien-être de l’humanité.
Cette "tendance alarmante" mettrait en danger "l’économie, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la qualité de vie" de l’humanité, selon les experts. Le président de l’IPBES, Robert Watson, note que la biodiversité semble pour beaucoup de gens très éloignée de la vie quotidienne alors qu’elle constitue "le socle de notre alimentation, de notre eau et de notre énergie", sans compter qu’elle représente "le cœur de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre".
Il ne se passe désormais plus une semaine sans que les cris d’alarme se succèdent : en France, en 15 ans, les populations d’oiseaux dans les campagnes françaises se sont réduites d'un tiers notamment en raison de l’intensification des pratiques agricoles. Quant aux abeilles, elles sont devenues le symbole de cette biodiversité en péril : leur taux de mortalité en France atteint en moyenne 30 % par an, contre 5 % en 1990.
De son côté, le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot a annoncé le 21 mars à l'Assemblée nationale la présentation prochaine d’un plan biodiversité pour succéder à la stratégie nationale et a appelé à "un sursaut d’indignation", déplorant le fait que la biodiversité, "tout le monde s’en fiche". Le ministre a par ailleurs déclaré au Parisien vouloir réintroduire à l’automne 2018 deux ours femelles dans les Pyrénées-Atlantiques, où il ne reste plus que deux mâles. Un sujet sensible qui a d'ailleurs ravivé la colère de certains éleveurs.
Bon à savoir :
L’IPBES a établi des rapports détaillés sur l’état de la biodiversité pour quatre grandes zones géographiques du monde : l’Afrique, les Amériques, l’Asie-Pacifique et l’Europe-Asie centrale. Elle s’est basée sur des dizaines de milliers de publications scientifiques et de documents gouvernementaux, entre autres, et a remis un résumé de chacun de ces rapports aux décideurs devant servir à leur proposer des pistes d’action. On retrouve ses principaux constats zone par zone ici.