Les rapports du Giec sont devenus une référence pour évaluer les conséquences du changement climatique.
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Changement climatique : 5 minutes pour comprendre le rôle du Giec

Le sixième rapport du Giec ce lundi 9 août sur les conséquences du dérèglement climatique était très attendu, mais le fonctionnement et le rôle de ce groupe de scientifiques sont encore peu compris.

Depuis plusieurs années, le Giec est devenu l’instance de référence pour analyser les conséquences du réchauffement climatique sur la planète et les efforts que l'humanité doit effectuer pour en limiter les dégâts. Ce lundi 9 août, le groupe scientifique va proposer la première partie de son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique. Si son rapport est extrêmement attendu, la méthode de travail du Giec et son rôle restent encore flous. Voici quelques pistes pour les comprendre.

Qu’est-ce que le Giec  ?

En 1988, au moment de la prise de conscience globale des conséquences du dérèglement climatique, l’ONU crée le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Loin d’être un club fermé, il est au contraire ouvert à tous les pays adhérents aux deux organismes de l’ONU qui supervisent ses travaux: l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). 

Sa mission ? Produire des rapports basés sur les connaissances scientifiques actuelles sur l’évolution du climat, ses causes et impacts, ainsi que les possibilités pour limiter le réchauffement climatique, à destination des dirigeants politiques internationaux et des scientifiques.

Si à ce jour 195 pays sont membres du Giec, son financement se fait sur une base libre et indépendante pour chaque État. Ce choix s’est notamment illustré en 2018, lorsque l’administration Trump a décidé de retirer le financement américain du budget annuel de 6 millions d'euros du groupement. En réponse, la France a décidé d'augmenter sa contribution annuelle à hauteur de 1 million d'euros jusqu’en 2022.

Quelle est sa méthodologie de travail ?

Le Giec fonctionne en 3 groupes, qui rassemblent des scientifiques issus des États membres, et qui ont chacun des missions spécifiques sur le changement climatique: 
- Le groupe 1 travaille sur les aspects scientifiques de l’évolution du climat.
- Le groupe 2 se concentre sur les conséquences du changement climatique sur nos sociétés.
- Le groupe 3 quant à lui propose des moyens pour limiter les effets du dérèglement climatique.

Si le Giec rassemble un éventail large de scientifiques, il ne réalise pas d'expériences dans des laboratoires. C’est un groupe d’expertise, qui est chargé de lire les nombreuses publications scientifiques sur le changement climatique. Il produit ensuite deux types de rapports. Le premier consiste en des rapports spéciaux pour l’ONU sur des sujets spécifiques liés au changement climatique. Les plus récents sont celui sur les enjeux d’un réchauffement à 1,5°C, publié en 2018, et celui sur l’océan et la cryosphère en 2019.

Le deuxième est le plus attendu. Il s’agit d'un rapport d’évaluation, qui analyse le changement climatique, ses conséquences et les options pour en limiter les conséquences pour les populations. Ces rapports de plusieurs milliers de pages sont produits tous les cinq à sept ans. Ils font ensuite l’objet d’une synthèse pour les États membres, afin de présenter des éléments précis pour « éclairer les décisions politiques ». 

Quelle est la légitimité du Giec ? 

La spécificité de ce groupement est son rôle à la fois scientifique et politique. Chaque rapport des scientifiques propose un « résumé technique » et un « résumé à l’intention des décideurs ». Les deux font l’objet de discussions par les États membres, afin d’être adoptés par consensus. Toutefois, ces discussions portent uniquement sur les méthodes pour limiter le changement climatique, et non pas sur les conclusions scientifiques.

Le Giec ne propose pas d’actions précises, il présente seulement les pistes envisageables pour limiter le changement climatique aux dirigeants politiques. Néanmoins, le consensus nécessaire à son approbation par les États membres lui donne une certaine légitimité. « Dès lors qu’un consensus est trouvé, il devient très difficile pour un gouvernement de contester le texte, puisqu’il a nommé un expert qui l’a accepté », a indiqué sur ce point le climatologue Hervé Le Treut auprès de Reporterre. L’objectif du Giec est donc d’établir un constat scientifique qui soit approuvé par les dirigeants politiques.

Pourquoi son prochain rapport est aussi attendu ?

Il s’agit du premier rapport depuis l’Accord de Paris de 2015, qui visait notamment à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici à 2100. Les fuites récentes ont révélé que les efforts des États pour y parvenir sont largement insuffisants. Malgré la baisse marquée des émissions de gaz à effet de serre en début d’année 2020 à cause de la Covid-19, les conséquences du réchauffement climatique vont s’accentuer : vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, disparition de certaines espèces animales, accélération de la fonte des calottes glaciaires…

La lutte contre le changement climatique est également devenue une des priorités des populations, comme le montre le dernier sondage Eurobaromètre qui a révélé que les Européens sont plus inquiets du changement climatique que de la crise de la Covid-19. Les actions en justice pour contraindre les gouvernements à agir davantage contre le dérèglement climatique se multiplient également, à l’image de la décision historique du Conseil d’État le 4 août dernier de condamner la France à payer une amende de 10 millions d’euros pour son manque d’action contre la pollution de l’air.

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