La Commission européenne a proposé en septembre 2018 une nouvelle directive qui mettrait fin à ces changements qui impliquent d'avancer sa montre d'une heure en mars et de la reculer d'une heure en octobre et permettrait aux États membres de choisir leur fuseau horaire. En France, la Commission des Affaires européennes de l'Assemblée a clos dimanche une consultation en ligne sur ces questions d'horloge.
Sur les 670 000 réponses recueillies jeudi 28 février au soir, 55 % étaient favorables à un maintien toute l'année de l'heure d'été (UTC + 2), alors que le 18 février dernier, la tendance était à une courte majorité pour l'heure d'hiver.
Le verdict de la consultation devrait être rendu public dans les prochains jours et transmis aux institutions européennes, mais n'aura pas de valeur contraignante.
Santé
Globalement, "le changement d'heure perturbe notre horloge interne qui contrôle nos différents rythmes biologiques", soulignait fin 2018 à l'AFP Véronique Fabre, chercheuse française à l'Inserm. Lors du passage à l'heure d'été, le "manque de sommeil peut provoquer une chute de l'attention, occasionner de la somnolence, de la nervosité ou dégrader l'humeur", selon la chercheuse. Cette perte d'une heure de sommeil s'inscrit dans le cadre d'un manque de sommeil plus général qui inquiète les médecins. Différentes études font état d'une hausse des infarctus du myocarde ou des crises cardiaques après le passage à l'heure d'été.
"A priori on est quand même fait pour vivre avec le soleil", rappelle Joëlle Adrien, spécialiste du sommeil à l'Hôtel Dieu à Paris. En France, l'heure d'été correspond à deux heures d'avance sur l'heure solaire, ce qui "n'est pas une bonne idée". Des spécialistes des rythmes biologiques recommandent aussi de rester à l'heure d'hiver.
Énergie
Le changement d'heure a été instauré en France en 1976, après le choc pétrolier, dans le but de limiter l'utilisation de l'éclairage artificiel. Selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), qui avait lancé en 2006 une étude d'évaluation des impacts énergétiques du régime d'heure d'été, actualisée en 2009, "le changement d'heure permet des économies d'énergies et de CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en oeuvre". En 2010, elle chiffrait les gains sur l'éclairage à 440 GWh, soit l'équivalent de la consommation en éclairage d'environ 800.000 ménages, grâce au passage à l'heure d'été.
Agriculture
Le monde agricole penche plutôt pour l'heure d'hiver. "On vit avec le soleil, le cycle de la lumière naturelle", explique Luc Smessaert, éleveur laitier et vice-président de la FNSEA. "L'heure d'été, c'est plutôt pour les urbains, pour prendre l'apéritif au soleil." Pour les agriculteurs, l'heure d'été peut entraîner des heures de récolte tardives, et des horaires décalés pour certains salariés. Les éleveurs, eux, sont surtout favorables à la fin du changement d'heure en général, souligne Luc Smessaert, car ce changement peut être un moment de stress pour les animaux. Le ministre de la Transition écologique François de Rugy s'était déclaré en 2018 favorable à l'abandon du changement d'heure, et plutôt pour "réduire" l'écart avec l'heure naturelle du soleil.
Sécurité routière
Les périodes d'obscurité prolongées dues au passage à l'heure d'hiver constituent un risque accru pour les cyclistes, piétons et utilisateurs de trottinettes. Pas ou mal éclairés, ils se retrouvent moins visibles, notamment aux heures de pointe des trajets domicile-travail le matin et le soir. Sur la période 2008-2017, 43 % des piétons tués annuellement l'ont été entre octobre et janvier. Les accidents à vélo en nocturne augmentent aussi.
Chaos dans le ciel ?
Un abandon du changement d'heure aurait un "impact important" sur l'industrie de l'aviation et sur les passagers, ont alerté quatre organisations représentatives du secteur fin 2018, recommandant le "statu quo". Si la Commission européenne décide tout de même de supprimer le changement d'heure, l'Association internationale du transport aérien (IATA) et trois grandes organisations européennes recommandent d'adopter l'heure d'été, et ce dans "l'intégralité des membres de l'Union européenne", sans quoi le transport aérien serait plongé "dans le chaos", préviennent-elles.
Elles recommandent également qu'on leur laisse le temps d'effectuer une "immense reprogrammation" des vols, notamment pour les long-courriers et pour respecter les couvre-feux en vigueur dans certains aéroports. La nouvelle heure ne devrait ainsi pas être appliquée avant l'été 2021, demande le secteur.
Avec AFP.