Comme l'a récemment rappelé le GIEC dans la synthèse de ses neufs années de travaux, il est nécessaire de limiter le changement climatique au cours de cette décennie si l’humanité souhaite s’assurer "un futur vivable". Partie prenante de ce défi, le monde de la finance se détourne d’ailleurs progressivement des secteurs les plus carbonés. Un changement de paradigme qui préoccupe notamment le secteur des combustibles fossiles, puisqu’il entraîne un risque majeur : celui des actifs échoués.
Qu’est-ce qu’un actif échoué ?
Aussi appelé stranded assets en anglais, les actifs échoués sont des investissements qui perdent de la valeur en raison de l'impact de changements liés à la transition énergétique. Plusieurs facteurs peuvent conduire à la dévalorisation des actifs, à l’instar de nouvelles réglementations limitant l'utilisation des combustibles fossiles (marché carbone, taxation du carbone, limitations des émissions de CO2, etc.) ou encore de contraintes environnementales.
Si les sociétés d'extraction de pétrole, de gaz et de charbon sont les premières concernées, les secteurs à forte intensité énergétique ou ceux utilisant le pétrole comme intrant (secteur aérien, maritime, etc.) sont également menacés.
Qui est exposé ?
Outre les entreprises, directement impactées, ce risque peut également avoir d’importantes répercussions sur les investisseurs, les banques, les fonds de pension ou encore les compagnie d’assurance. Bien que l’ampleur des pertes potentielles liées aux actifs échoués soit difficile à quantifier, une enquête publiée dans Nature a estimé que, dans le monde, environ 1 400 milliards de dollars d'actifs pétroliers et gaziers risquaient d'être échoués.
Enfin, s’il est dur d’assurer avec certitude que les actifs échoués pourraient provoquer une crise financière, le Comité européen du risque systémique (ou CERS) a affirmé dans une étude parue en juillet 2021 qu’il existait un risque potentiel qu'une transition brutale ait des effets déstabilisants sur le système financier.