Face au nombre croissant de chercheurs américains qui songent à quitter leur pays en raison des politiques menées par Donald Trump, "il faut ouvrir très rapidement un cadre juridique qui soit durable et qui soit simple" pour les accueillir, explique l'ancien chef de l'Etat.
L’objectif du texte, déposé lundi, est "de faciliter les procédures pour ces scientifiques" en "leur accordant un statut qui serait un statut de réfugié", comme "il existe des réfugiés climatiques", détaille-t-il.
Depuis le retour du milliardaire américain à la Maison Blanche, chercheurs et universités sont dans le collimateur et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, financements sabrés. De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines. Selon un sondage publié fin mars par la revue spécialisée Nature, plus de 75 % songent aujourd'hui à un tel départ.
Il s'agit également pour la France de se positionner pour séduire les meilleurs talents, face à la concurrence de la Chine qui veut faire revenir de nombreux chercheurs sino-américains, mais également le Royaume-Uni ou l’Allemagne.
En France, l'asile existe sous deux formes: le statut de réfugié et la protection subsidiaire. Cette dernière est attribuée aux demandeurs d'asile qui ne remplissent pas les conditions d'obtention du statut de réfugié, mais peuvent prouver qu'ils sont exposés dans leur pays à une menace grave et individuelle contre leur vie ou leur personne.
La proposition de loi, consultée par l'AFP, vise à ajouter une catégorie aux bénéficiaires de cette protection: les "scientifiques et chercheurs" qui "risquent de subir une atteinte grave et individuelle à leur liberté académique en raison de menaces ou d’une privation de liberté arbitraire".
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Un statut permettrait, souligne-t-il, d'accélérer l'obtention de visas, et d'obtenir la garantie de pouvoir rester suffisamment longtemps pour mener leurs travaux jusqu'à leur terme. "Il faut le faire maintenant, car c’est maintenant qu’il y a les licenciements, les fermetures de laboratoires, avec pas mal de chercheurs concernés", martèle François Hollande, espérant que le gouvernement français puisse éventuellement reprendre sa proposition dans un texte qu'il pourrait proposer rapidement.
Ce statut ne suffira pas, prévient cependant l'ex-président. "S’il n'y a pas des moyens qui sont accordés dans les universités, dans les laboratoires pour que ces chercheurs puissent mener à bien avec des chercheurs français leurs travaux, ils iront ailleurs".
Or les moyens alloués aux universités en France, en baisse - 30,9 milliards d’euros en 2025 contre 31,8 milliards d’euros en 2024 -, sont déjà largement insuffisants selon les syndicats de l'enseignement supérieur qui dénoncent une "situation catastrophique".
Avec AFP.