Ce dimanche, les élections européennes ont fait grand bruit. C'est le Rassemblement national, avec à sa tête Jordan Bardella qui aura été le plus plébiscité par les Français. Les Verts, en perte de vitesse, et sauvés de justesse, affichent quant à eux un score de 5.5 % des voix, contrairement à 2019 ou ils en affichaient 13 %. Mais alors, quel avenir pour l'écologie et l'Europe ? Réponses d'Olivier Costa, politologue au CNRS et au CEVIPOF.
Les résultats de ces élections vont-ils influencer les politiques environnementales au niveau européen ?
Oui, à mon sens, il va y avoir un véritable effet des élections européennes sur les politiques environnementales. Les Verts ont fait un très mauvais score en France, mais c'est aussi le cas en Allemagne ou en Belgique. Il y a un repli de ce parti qui avait pourtant fait un très bon score il y a 5 ans...
Ces élections ont un double effet. On a non seulement les Verts qui s'effondrent, mais on a face à eux des partis d'extrême droite qui font des campagnes anti écologique, et qui ont fait de gros scores. Et ça, c'est nouveau. Avant, l'extrême droite n'était pas spécialement intéressée par les questions environnementales. Pourtant, leur campagne était cette fois-ci ouvertement contre les écologistes avec leur discours "anti wokisme"et ils se présentaient comme des remparts. Maintenant, les Verts vont perdre en influence au sein du parlement européen, mais l'anti écologisme est aussi devenu un marqueur fort de l'extrême droite. Les nouveaux députés du rassemblement national par exemple vont se bagarrer à chaque fois qu'il y aura une norme sur le plan environnemental. Avant, ils ne les votaient pas, maintenant, je suis convaincu qu'ils mettront de l'énergie à essayer de les détricoter.
Je pense qu'un certain nombre de choses qui étaient dans le pacte vert pourraient être remises en cause."
Cet impact se reflétera-t-il aussi dans les initiatives européennes, comme le pacte vert ?
Tout à fait. Et je pense qu'un certain nombre de choses qui étaient dans le pacte vert pourraient être remises en cause. En plus, c'est devenu en quelque sorte une tradition. Ces dernières années à l'échelle européenne quand il y a une nouvelle Commission, elle ne se sent pas nécessairement tenue par ce qu'avait proposé l'ancienne. Personnellement, je pense même qu'il pourrait y avoir des textes qui ont été adoptés et qui pourraient être révisés. Un texte très symbolique comme la fin des moteurs thermiques en 2035... Personnellement, si j'étais un constructeur automobile allemand, j'irais faire du lobbying auprès des députés conservateurs et d'extrême droite au parlement européen pour qu'ils comprennent mes intérêts. Je pense que c'est typiquement ce genre de textes qui vont être dans le viseur.
Les Français et les Allemands vont, à mon sens, perdre de l'influence autour de la table des négociations.
Ces résultats en France, peuvent-ils changer la dynamique des négociations entre les pays eux-mêmes ?
Oui. Là ou cela posera un gros problème à la France, c'est surtout au niveau du couple franco-allemand. Il n'y a jamais eu d'alternative à ce binôme. Toutes les grandes réformes ont toujours été soit une initiative franco-allemande, ou bien soutenues par les deux pays. Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron et Olaf Sholz sont dans une posture compliquée. Leurs capacités à prendre des initiatives à l'échelle européenne, à être entendus et crédibles vont être affectées, d'autant plus que les démocrates-chrétiens se réjouissent de ce qui leur arrive. Les Français et les Allemands vont, à mon sens, perdre de l'influence autour de la table des négociations. C'est aussi certainement une des raisons pour lesquelles Macron fait une dissolution de l'Assemblée nationale. Il veut reprendre la main pour ne pas avoir la réputation du chef d'Etat qui ne réussit pas à faire 15 % aux Européennes.
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En bref, qu'est-ce qui ressort finalement de ces élections ?
Les chiffres ne changent pas énormément, les situations dans les différents états ne sont pas toutes dans le même sens. Mais il y a quand même deux choses. Premièrement, le parlement européen se "droitise" globalement, et même si ce n'est pas spectaculaire, c'est la suite d'un processus qui a commencé il y a longtemps. Et deuxièmement, le Parlement est plus morcelé. La taille moyenne des groupes décline, les deux principaux groupes qui avaient 65% des sièges en 2000 - les socialistes et les démocrates-chrétiens - n'en ont plus que 44. Ils ne peuvent plus décider seuls.
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