C’est la fin du suspense. Après plusieurs mois de campagne et de nombreux sondages qui donnaient les deux candidats à la Maison Blanche au coude à coude, la victoire du républicain Donald Trump est désormais officielle. La réélection de l’ancien président ultra-conservateur et ouvertement climatosceptique annonce une nouvelle ère d’incertitude pour les Etats-Unis, et pour le reste du monde. Notamment vis-à-vis des questions environnementales.
"On nous parle tout le temps de la montée des océans dans 500 ans, qui s’en soucie ?". Cette formule provocante, prononcée par Donald Trump lors de son meeting à Milwaukee, dans l’Etat du Wisconsin, le 1er novembre dernier, résume bien la vision du milliardaire américain. Au cours de son premier mandat à la présidence des Etats-Unis, il n’avait pas hésité à détricoter de nombreuses régulations environnementales et à sortir son pays de l’Accord de Paris. Accord de Paris que l’administration Biden s’était empressée de réintégrer en 2021.
"Drill baby, drill"
Lors de cette nouvelle campagne, il a affirmé qu’il sortirait de nouveau de l’Accord de Paris. Et ce, alors même que les Etats-Unis sont, encore aujourd’hui, le deuxième contributeur au changement climatique derrière la Chine. Il a également annoncé qu’il supprimerait l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA), et qu’il démantèlerait la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
Pour le reste, il est à l’heure actuelle difficile de prévoir quelles mesures seront prises lors de ce nouveau mandat. Les questions environnementales n’ont été que très superficiellement abordées lors de la campagne. Et selon le média Bon Pote, ni le mot "climat" ni le mot "environnement" n’apparaissent dans le programme de Donald Trump. Mais certaines mesures sont sans équivoque, notamment celle promettant "[d’]annuler le mandat pour les véhicules électriques et [de] réduire les réglementations coûteuses et contraignantes". Ou encore de "faire des Etats-Unis le premier producteur d’énergie au monde". Une énergie qui, sans aucun doute, sera principalement fossile, comme le résume le slogan du républicain "Drill baby, drill", "drill" signifiant "forer".
Un recul massif de "la décarbonation du pays" et de "la justice climatique mondiale"
En mars 2024, le média britannique Carbon Brief estimait qu’un nouveau mandat de Donald Trump pourrait générer 4 milliards de tonnes de CO2 supplémentaires d’ici 2030. Soit les émissions annuelles du Japon et de l’Union européenne.
Pour de nombreux chercheurs et universitaires américains, cette nouvelle élection est synonyme de régression. "Trump va faire massivement reculer la décarbonation du pays et la justice climatique mondiale. Il va notamment chercher à faire annuler l’IRA — la loi sur la réduction de l’inflation, qui implique des investissements records en décarbonation — et va exposer les écosystèmes protégés à des risques beaucoup plus importants", analyse pour Reporterre Samuel Stolper, professeur en politiques environnementales à l’Université du Michigan. Un constat cependant tempéré par Henrik Selin, professeur en relations internationales et spécialiste de la coopération environnementale à la Boston University, qui estime que l’IRA "a déjà prouvé son efficacité, en termes d’emplois créés. Il ne voudra pas et ne pourra pas la supprimer facilement".
Egalement interrogée par Reporterre, Melodie Brown Burkins, professeure en études environnementales de l’Université Dartmouth, et spécialiste de l’Arctique, craint, elle, des politiques nocives envers cette région déjà largement fragilisée par le changement climatique. Des politiques qui viseraient notamment à augmenter les investissements "non-éthiques et à courte-vue du développement économique de l’Arctique, qui ne respectent ni les communautés locales, ni la science, ni l’expertise des autochtones", déplore-t-elle.
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Les positions de Donald Trump sur le climat ne sont pas nouvelles. En 2012, il écrivait dans un tweet que le changement climatique avait été créé par et pour les Chinois pour priver les Américains de leur souveraineté et de leur compétitivité économique et énergétique. Un climatoscepticisme toujours assumé qui, à quelques jours de l’ouverture de la COP29, risque de fortement affaiblir la voix des négociateurs américains.