L’éolien et le solaire ont le vent en poupe en Europe. Dans un rapport publié le 30 juillet 2024, le centre d’études Ember indiquait que la production d’électricité provenant des énergies éolienne et solaire avait dépassé pour la première fois celle des combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) dans l’Union européenne, à hauteur de 30 % contre 27 %.
En France, au premier semestre 2024, la production renouvelable a également progressé, "avec une production de 25, 5 TWh pour l’éolien et de 11,4 TWh pour le solaire - qui a pour la première fois égalé la production thermique fossile", relève RTE, le gestionnaire du réseau français de haute tension.
Dans ce contexte, la flexibilité électrique s’impose comme un enjeu majeur. Mais de quoi s’agit-il concrètement ? Eléments de réponse avec Thomas Tirtiaux, ingénieur thermicien et directeur général d’Elax Energie, une entreprise qui propose une solution afin d’optimiser la consommation électrique des chauffe-eaux dans le parc de logements sociaux.
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Qu’entend-on par "flexibilité électrique" ? Et pourquoi ce concept gagne-t-il en importance ?
Cela signifie que la consommation doit être égale à la production, ce qui n'est pas toujours le cas, notamment avec l’essor des énergies renouvelables. Etant donné qu'elles sont alimentées par le vent ou encore le soleil, ces énergies sont par essence variables. Résultat, il peut arriver que l’on produise trop d’électricité par rapport à la demande.
Ce phénomène risque de s’intensifier avec l’électrification progressive des pays européens, qui se réduisent leur dépendance au gaz russe dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le développement des voitures électriques va également créer un nouveau besoin, et donc perturber cet équilibre entre consommation et production.
De quelles solutions dispose-t-on aujourd’hui pour introduire davantage de souplesse ?
Aujourd’hui, la gestion des heures pleines et heures creuses permet de moduler la consommation mais seulement par blocs. Un chauffe-eau va par exemple chauffer à partir de 23 heures pendant deux-trois heures. Or, ce n’est pas nécessairement à ce moment-là que le réseau en a besoin. Pour ajuster la demande par rapport à l’offre en temps réel, des innovations technologiques se développent. Chez Elax Energie, nous avons notamment développé un boîtier qui permet de rendre les chauffe-eaux plus intelligents et ainsi d'adapter sa consommation selon ses besoins.
Plus concrètement, il s’agit d’un thermostat qui, grâce à une sonde, mesure la température à l’intérieur du chauffe-eau, et modifie la température de consigne en fonction des besoins du locataire.
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A quels principaux freins êtes-vous confronté pour développer votre innovation ?
Le principal obstacle, c'est la réglementation. Les DPE (diagnostic de performance énergétique) restent encore la référence quand on parle de sobriété énergétique. Ce sont eux qui dictent quels logements peuvent être loués ou non, selon une note allant de A à G. Face à ce dispositif, notre solution reste peu valorisée alors qu'elle permet de réelles économies d'énergie. Selon un audit réalisé par Carbone 4, notre boîtier permet de réduire entre 25 à 40 % la consommation du chauffe-eau. Cela représente représente une centaine d’euros d’économies par an pour un appareil de 200 litres.
Cette flexibilité diffuse permet par ailleurs de limiter les émissions de gaz à effet de serre du secteur du logement. Grâce à notre solution, ce sont 1 000 tonnes de CO2 qui sont évitées chaque année.
Chiffres clés sur Elax Energie :
- 80 bailleurs sociaux et 25 000 locataires équipés
- 1 000 tonnes de CO2 évitées par an
- 25 à 40 % d’électricité économisée sur les chauffe-eaux
Source : Elax Energie