Le 3 mars 2018, une plantation de palmiers à huile dans une zone protégée de Rawa Singkil, en Indonésie.
© JANUAR/AFP
Environnement

Huile de palme et déforestation : tout comprendre en cinq questions

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Dans le film "La Promesse verte”, le réalisateur Edouard Bergeon ("Au nom de la terre") raconte le combat d’une mère pour sauver son fils, injustement condamné à mort en Indonésie - pays où la culture intensive des palmiers à huile menace aussi bien l’homme que l’environnement. A l’occasion de la sortie de ce thriller écologique le 27 mars prochain, ID éclaire sur cet enjeu local aux résonances globales. 

73 millions. C'est le nombre de tonnes d'huile de palme qui ont été produites en 2020, selon WWF. Vivement critiquée en raison de son impact social et environnemental, l'huile de palme est aujourd'hui l'huile végétale la plus produite mais aussi la plus consommée dans le monde. On la retrouve dans la célèbre pâte à tartiner, de nombreux paquets de chips, gâteaux et bonbons industriels mais aussi dans certains gels douches, fonds de teint, mascaras et même...biocarburants
Mais que sait-on réellement de cet ingrédient qui a envahi de nombreux produits de notre quotidien ? D’où vient-il ? Comment est-il produit ? Pourquoi est-il décrié ? Est-ce vraiment possible de s’en passer ? ID fait le point.

Qu’est-ce que l’huile de palme ? 

Il s’agit d’une huile végétale qui est extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile. Originaire d’Afrique tropicale, cet arbres est aujourd’hui cultivé dans plusieurs régions tropicales dans le monde, comme au Brésil, en Malaisie ou encore en Indonésie - premier producteur mondial d'huile de palme. A l’échelle globale, elle est utilisée dans différents secteurs : l’alimentaire (80 %), les cosmétiques (10 %) et les biocarburants (10 %). 

Pourquoi pose-t-elle problème ? 

La production d’huile de palme est principalement controversée en raison de son impact sur l’environnement. "Entre 1990 et 2008, environ 2,8 % de la déforestation mondiale étaient liés directement au palmier à huile", rapporte le ministère de la Transition écologique. En Indonésie, où l’exploitation est massive, plus de 26 millions d’hectares de forêts ont été rasés entre 2002 et 2019, souligne de son côté Global Forests Watch. 

Fléau écologique, la déforestation a aussi des conséquences sur les communautés autochtones, qui se retrouvent expropriées de leurs terres, mais aussi sur la biodiversité. Les plantations de palmier à huile sont notamment responsables de la disparition de plusieurs espèces animales, comme les orangs-outans sur les îles de Sumatra et Bornéo. Enfin, la consommation en excès d’huile de palme, riche en acide-gras saturés, peut avoir des conséquences néfastes sur la santé, comme le soulignent certains nutritionnistes.

Pourquoi a-t-on du mal à s’en débarrasser ? 

Sans grande surprise, la raison est avant tout économique. Selon l’Alliance française pour l’huile durable, "un palmier peut produire jusqu’à 45 litres d’huile par an. A l’hectare, son rendement s’élève à 4,1 tonnes, ce qui le place en tête des plantes oléagineuses". Plus rentable que les graisses animales, l’huile de palme est aussi la plus intéressante des huiles végétales. A surface égale, une plantation "produit 10 fois plus d’huile qu’un champ de soja et 6 fois plus qu’un champ de colza", précise le collectif. Un atout de taille pour les industriels qui peuvent réaliser d’importantes économies sur les coûts de production.

Faut-il interdire sa production ? 

Dans un rapport publié en 2018, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) indique que l’interdiction de "l’huile de palme augmenterait très certainement la production d’autres cultures oléagineuses pour répondre à la demande d’huile, et ne ferait ainsi que déplacer, sans arrêter, l’appauvrissement significatif de la biodiversité à l’échelle mondiale causé par l’huile de palme”. Si elle était interdite, l’huile de palme serait très certainement remplacée par des huiles plus "gourmandes en terre". L’UICN plaide alors pour le développement d’une graisse de palme "exempte de déforestation". 

Peut-on réellement imaginer une huile de palme durable ? 

Depuis quelques années, des initiatives émergent pour favoriser l’essor d’une huile de palme durable. Créé en 2004 à l’initiative de producteurs, de négociants et d’ONG, le Roundtable for Sustainable Palm Oil (RSPO) oeuvre notamment pour la valorisation d'une filière responsable. Son action a toutefois été contestée par l’UICN dans son rapport de 2018, affirmant que "l’huile de palme certifiée s’est avérée, jusqu’à présent, à peine plus efficace pour empêcher la déforestation que son équivalente non-certifiée". L’organisation reconnait dans le même temps que "l’approche (...) possède un potentiel pour améliorer la durabilité." 

Par ailleurs, l’interdiction de l’importation de plusieurs produits issus de la déforestation, dont l’huile de palme, par le Parlement européen le 17 avril 2023, doit inciter certains industriels à se tourner vers une production plus responsable, en les obligeant à prouver que les produits commercialisés au sein de l’Union européenne ne proviennent pas de forêts déboisées après le 31 décembre 2020. Selon le WWF, l’UE est le deuxième "importateur mondial de déforestation mondiale" derrière la Chine et devant les Etats-Unis. 

Pour aller plus loin : 

La question de l’exploitation de l’huile de palme est au coeur de La Promesse verte, nouveau film engagé du réalisateur Edouard Bergeon (Au nom de la terre). En salles le 27 mars, cette fiction haletante - portée par le duo mère-fils formé à l’écran par Alexandra Lamy et Félix Moati, met en lumière les ravages causés par la production massive d’huile de palme en Indonésie, et dénonce la responsabilité des lobbies industriels et des dirigeants politiques dans ce désastre écologique et humanitaire. 

"La Promesse verte"

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