Trois jours pour sensibiliser à la réparation. Les 18, 19 et 20 octobre se tiendra la deuxième édition des Journées Nationales de la Réparation (JNR), organisées par l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée) et Make.org Foundation. Le but : mettre en avant auprès du grand public les solutions et les bonnes pratiques pour prolonger la vie des objets du quotidien. Un enjeu écologique majeur puisque, comme le rappelle Remy Leclercq, délégué général de Make.org Foundation, "étendre de 3 ans la durée de vie de nos objets (multimédia et électroménager) permet d’éviter jusqu'à 4 millions d’émissions de tonnes de CO2".
"Un réflexe éco-citoyen"
Ateliers de réparation, festivals, portes ouvertes, conférences… plus de 1000 évènements sont organisés sur l’ensemble du territoire. "L’idée c’est de pouvoir rencontrer les acteurs de la réparation et apprendre à réparer ses objets, mais aussi de faire en sorte que la réparation devienne un réflexe éco-citoyen", explique à ID Rémy Reboux, chargé de mobilisation chez HOP. Avec un accent mis sur la formation et la transmission de savoir-faire artisanaux qui ont tendance à disparaître. "On a par exemple perdu énormément de cordonniers ces dernières décennies", poursuit-il. "Il y a un vrai enjeu autour de la création de nouvelles filières de formation, pour redonner envie aux plus jeunes de travailler dans ces secteurs".
Pour les organisateurs des JNR, au-delà de promouvoir les solutions de réparation et les acteurs de cet écosystème, l’enjeu est également de défendre le droit à la réparation. "On veut demander aux pouvoirs publics des normes plus rigoureuses pour les entreprises qui mettent des appareils sur le marché, afin que ceux-ci soient conçus pour être réparables". Car de nombreux produits, notamment numériques, restent difficilement démontables et trouver les pièces détachées nécessaires peut s'avérer ardu. Des freins à la réparation auxquels s’ajoute la problématique de l’obsolescence programmée. Une obsolescence qui peut être technique, "des objets qui se cassent, ou des appareils ralentis par les mises à jour successives", mais aussi marketing, autrement dit l’incitation à renouveler constamment des appareils pourtant toujours fonctionnels.
La réparation, un geste écologique et économique
Il existe aussi un frein économique : faire réparer un objet peut coûter très cher. Selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique, lorsque la réparation coûte plus du tiers du prix de l’objet neuf, les consommateurs ont tendance à se tourner vers le neuf. D’où la volonté des JNR de mettre en lumière le bonus réparation mis en place par le gouvernement, "un coup de pouce à la réparation de nombreux produits du quotidien", indique Rémy Reboux. Encore peu connu, il permet d’obtenir une réduction du coût de la réparation lorsque celle-ci est effectuée chez un réparateur agréé. Appareils électroniques, textiles, chaussures, objets de sport et de loisir… la liste complète des équipements et objets concernés peut être consultée sur le site dédié de HOP.
Pouvoir réparer plus facilement les objets du quotidien a un impact positif sur l’environnement, mais aussi sur le pouvoir d’achat. Un constat partagé par près de 90 % des Français et confirmé par l’Ademe, qui estime qu’un foyer qui prolonge ses équipements pendant trois ans économise environ 2000 €. D’où l’importance de mettre en lumière l’écosystème de la réparation en France. Mais aussi à l’échelle européenne. "On est en lien avec des alliances européennes du droit à la réparation, comme Right to repair", explique le chargé de mobilisation, tout en soulignant que la France "est le pays européen qui a le plus d’évènements".
Pour aller plus loin : "Ecologie : gagner plus, dépenser moins"
Organisées dans le cadre de la journée mondiale de la réparation, qui a lieu chaque 3e samedi d’octobre, les JNR ont rencontré un franc succès lors de leur première édition en 2023. Et les organisateurs espèrent que la dynamique se poursuivra cette année. "On va voir comment ça se passe, mais c’est bien parti", se réjouit Rémy Reboux.