"La stratégie volontariste de l'offre fait peser un risque de surproduction (d'électricité, NDLR) si les possibilités d'exportation ne sont pas au rendez-vous", craint Vincent Berger, pour qui une surcapacité de production électrique serait "très pénalisante pour le consommateur ou pour le contribuable", selon le document consulté par Les Echos.
Car à l'horizon 2035, la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit une production d'électricité de 692 TWh. Or ces dernières années, la demande d'électricité reste inférieure à la moyenne des années pré-Covid 2014-2019 : en 2024, malgré une hausse par rapport à 2023, elle était encore 12,7 % plus basse qu'avant la pandémie.
Cette potentielle surcapacité de production électrique rendrait les investissements massifs difficiles à rentabiliser.
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"Une revue à la baisse"
Raison pour laquelle le Haut-commissaire à l'énergie atomique prône une "revue à la baisse" de "la croissance du photovoltaïque" dans la PPE.
Contacté par l'AFP, le cabinet du ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie n'avait pas réagi dans l'immédiat. L'entourage du Premier ministre, dont dépend le Haut-commissariat à l'énergie atomique, a indiqué qu'il ne "confirm(ait) pas ces informations".
Selon cette source, "ces sujets ne relèvent pas du champ de compétences du HCEA mais de celui de RTE (le gestionnaire du réseau de transport électrique, ndlr), dont les travaux (...), très fouillés et avec une large concertation, ont alimenté les travaux du gouvernement sur la PPE".
Un objectif jugé "trop ambitieux"
Toujours selon Les Echos, Vincent Berger s'étonne aussi dans l'avis que la stratégie énergétique de la France pour 2025-2035 ait été "construite sur la base d'une directive européenne dont la réalité montre qu'elle ne pourra malheureusement pas être suivie des faits".
Le Haut-commissaire désigne là l'engagement de tous les Etats membres de l'Union européenne à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Un objectif jugé "trop ambitieux" et qui "ne sera pas atteint", selon Vincent Berger.
En 2023, à sept ans de l'échéance, la France n'avait fait qu'un peu plus de la moitié du chemin : par rapport à 1990, ses émissions ne se sont réduites que de 31 %, selon le ministère de la Transition écologique.
Fin janvier, le Haut Conseil pour le climat (HCC) avait également alerté le gouvernement sur les points à muscler dans la mise en oeuvre de sa feuille de route énergétique, mettant en garde l'exécutif sur des "leviers d'action indispensables qui ne semblent pas encore pleinement mobilisés".
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Avec AFP.