La Convention citoyenne pour le climat (CCC) donne de la voix. Désœuvrée par l'absence de "soutien clair" et le manque d'"ambition générale" du gouvernement quant à ses 149 propositions, elle a adressé lundi une lettre ouverte à Emmanuel Macron, dans laquelle elle le somme de prendre un "engagement public et formel". L'association des membres de la Convention "Les 150" a donc décidé d'"interpeller personnellement et directement" le président pour lui faire part des "difficultés rencontrées".
Fin juin, ce dernier s'était engagé à honorer au moins 146 mesures demandées en se laissant trois "jokers", sans préciser lesquelles seraient évincées. Mais depuis, les critiques pleuvent. En cause, des déclarations de ministres sur le malus automobile selon le poids des véhicules neufs, l'écotaxe sur le transport aérien, ou encore le brûlant dossier de la 5G... Dans le camps militant, certains accusent l'exécutif de vouloir contourner l'engagement pris auprès de la CCC. Ce lundi, le Réseau Action Climat interpellait encore le président à ce sujet.
"Nous avons le sentiment de manquer d'un soutien clair et défini de la part de l'exécutif dont les prises de position nous apparaissent parfois contradictoires", écrivent les 150 tirés au sort. "Dans une période où des communications ouvertement hostiles à nos propositions sont formulées par certains acteurs professionnels, des déclarations ministérielles discordantes sur les sujets de l'aérien, de la publicité, du déploiement de la 5G, de la baisse de la TVA relative au transport ferroviaire, ou d'autres, viennent renforcer le trouble et obscurcir la parole présidentielle", ajoutent-ils. Dans ce contexte, "nous vous demandons donc de réaffirmer votre engagement formel et public en faveur de l'examen sans filtre de nos propositions".
De son côté, Sylvain Burquier, l'un des 150, s'est interrogé : "Entre petites phrases, désillusions et détricotage... Est-on toujours sans filtre ?".
Reporter certaines mesures, Covid oblige ?
Fin septembre, le Premier ministre Jean Castex avait reçu les représentants de la CCC pour évoquer l'élaboration d'une loi spécifique censée reprendre une partie de leurs propositions. Mais il y a quelques jours, l'exécutif lui-même reconnaissait envisager de reporter certaines mesures, justifié par la récession due à la crise sanitaire. "Nous sommes déterminés à conduire cette transition écologique (...) mais elle ne peut être menée que si on arrive à réconcilier nos concitoyens, c'est-à-dire à rassurer les gens à qui on demande des changements profonds, à accompagner les secteurs à qui on demande des changements rapides", déclarait ainsi Emmanuel Macron la semaine dernière.
Si certains secteurs, gros pourvoyeurs d'emplois mais aussi de pollution - l'aérien et l'automobile en premier lieu -, ont été particulièrement touchés par la crise, les 150 n'éludent pas pour autant ces difficultés économiques : "Nous sommes à l'écoute des contraintes et conscients des défis que soulève la mise en œuvre de nos préconisations", assurent-ils au chef de l'Etat. "Mais nous ne pouvons continuer à défendre chacune d'entre elles quand nous peinons à trouver dans les actions du gouvernement l'ambition générale d'une transition écologique efficace". Ils estiment même que "les interprétations" de certaines de leurs propositions "ont pour seul effet de nous éloigner de la mission que nous avez confiée : réduire d'au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030".
Emmanuel Macron confirme sa "volonté d'agir"
À cette lettre datée du 12 octobre, Emmanuel Macron a répondu par un courrier le jour même, réaffirmant sa détermination à "agir" pour le climat : "Près d'un an après le lancement de votre convention, la crise sanitaire que traverse notre pays n'a en rien affaibli ma volonté d'agir ni celle du gouvernement, car la crise climatique n'a pas disparu", a indiqué le chef de l'Etat.
Selon ses dires, "une trentaine" des propositions de la CCC retenues sont "soit totalement, soit partiellement mises en œuvre", citant notamment "la proposition d'interdiction des terrasses chauffées", l'accélération de "la sortie du fioul", les mesures contre l'artificialisation des sols ou "l'effort sans précédent pour la rénovation énergétique des logements et des bâtiments publics". Pour témoigner de cette avancée, le gouvernement publiera un tableau de bord "dans les tous prochains jours".
Enfin, Emmanuel Macron a également précisé avoir demandé qu'un projet de loi, issu des travaux de la Convention, soit prêt pour être examiné en décembre, "à une date proche du cinquième anniversaire de l'accord de Paris". Cependant, certaines mesures des 150 "méritent des ajustements, nécessitent une temporalité différente" de celle proposée a-t-il averti avant de justifier : "Parfois, pour le même objectif, des solutions différentes peuvent émerger. Cela ne remet en rien en cause votre ambition, ni la mienne". Là-dessus, il cite notamment celles qui coincent : le transport aérien, la voiture, la publicité ou l'empreinte écologique du numérique. Et de conclure : "Ce débat est sain" et "ne doit pas vous effrayer, et encore moins nous conduire à renoncer".
Avec AFP.
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