A deux ans de la fin du quinquennat et après "beaucoup de pressions" du gouvernement ou de cadres macronistes, ils sont finalement 17 à avoir intégré cette nouvelle entité baptisée "Ecologie Démocratie Solidarité", en gestation depuis plusieurs mois.
Ces élus entendent oeuvrer au "monde d'après" la crise du coronavirus au sein d'un groupe "petit mais costaud", a affirmé mardi Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot), coprésident avec l'ex-LREM Paula Forteza. Et l'ancien "marcheur" d'assurer que d'autres rejoindront les rangs "dans les prochaines semaines", lors d'une visioconférence en présence des élus du nouveau groupe. "Avec cette terrible crise du Covid-19, il nous faut dépasser les clivages et les postures, il nous faut construire collectivement le monde d'après", a plaidé Matthieu Orphelin.
Parmi eux figurent sept membres du groupe majoritaire, dont les membres de l'aile gauche Aurélien Taché, Guillaume Chiche et encore Cédric Villani (exclu du parti mais toujours membre jusqu'alors du groupe LREM). Partie prenante de ce groupe qui se veut "indépendant", "ni dans la majorité, ni dans l'opposition", plusieurs ont récusé toute "trahison" des engagements de 2017, jugeant que c'est "plutôt la majorité qui s'en est éloignée". Tous ont été élus sous l'étiquette d'Emmanuel Macron, à l'exception de l'ex-ministre PS à l'Ecologie Delphine Batho.
"Nous pousserons et soutiendrons toutes les décisions à la hauteur des enjeux, mais saurons nous opposer dans tous les autres cas", préviennent-ils dans leur déclaration politique. Revalorisation des métiers en première ligne dans la crise, "revenu universel dès l'âge de 18 ans", proposition de loi sur le bien-être animal, ou encore place accrue pour les sciences... Prenant tour à tour la parole, chacun des 17 élus a fait état des priorités fixées.
Plusieurs députés se sont dits "fiers" du caractère inédit d'un groupe à 65% féminin. Ils se sont ensuite rendus aux abords du Palais Bourbon pour une photo de groupe. "Nous sommes plein d'espoir, d'optimisme et en même temps conscients qu'un énorme travail s'annonce", a déclaré Cédric Villani, tandis que Paula Forteza promettait qu'ils feraient "du bruit" comme s'ils étaient "une cinquantaine".
"Tribulations"
Avec cette neuvième entité - un record au Palais Bourbon sous la Ve République - le groupe LREM, qui comptait 314 députés en 2017, tombe à 288, juste sous le seuil de la majorité absolue (289 sièges) qu'il détenait jusqu'alors à lui seul. Un coup dur pour le camp présidentiel. Mais "la majorité a toujours la majorité", avec l'appui du MoDem et ses 46 élus, s'est agacé mardi matin le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM), raillant des "tribulations de la vie parlementaire". "La majorité n'est pas en danger, loin de là", a renchéri le ministre Jean-Yves Le Drian.
Et LREM pourrait récupérer rapidement la majorité absolue si la future suppléante d'Olivier Gaillard (ex-LREM, qui devrait quitter son poste de député pour devenir maire), rejoint les rangs des "marcheurs", comme annoncé par le député. Le PS avait connu le même sort que LREM, avec une majorité relative début 2015, mais sans que les "frondeurs" de l'ère Hollande ne fassent jamais sécession.
"Pagaille macroniste"
Les critiques des légitimistes se sont accentuées à mesure que s'intensifiait le bruit autour de ce 9e groupe, dont la création était jugée "inéluctable" dès mars en interne. "Contresens politique", "grenouillages", "contretemps", avaient épinglé par avance des membres du gouvernement et du parti majoritaire.
Dans les rangs LREM, si certains saluent une clarification et l'apport de potentielles nouvelles idées, d'autres raillent le choix de l'"aventure individuelle". Une source parlementaire voit d'ailleurs un petit succès pour les "marcheurs" dans le fait que le groupe ne compte que 17 membres, ce qui "fait relativiser". Mais elle prédit que c'est "essentiellement" le patron du groupe Gilles Le Gendre qui va porter le chapeau. Ce dernier a assuré auprès de l'AFP que l'initiative du 9e groupe "n'entravera en rien l'action de notre majorité, unie et forte aujourd'hui comme hier". Des élus LREM travaillent déjà en interne à un courant sur l'axe social et écologique, baptisé "En commun". Une tentative de "colmater la fuite", dit-on dans le nouveau groupe.
Dans l'opposition, le chef de file des députés LR Damien Abad voit dans tout cela "l'échec d'une méthode et un rétrécissement idéologique" pour LREM, et juge "intriguant" de "retomber dans les méandres de la politique politicienne" en pleine crise.
Jean-Luc Mélenchon (LFI) a estimé dans un billet de blog que "la pagaille macroniste continue" avec ce groupe de "ni-ni". Pour les députés communistes, avec une majorité qui "demeure pléthorique, ça ne change pas fondamentalement la donne". Marine Le Pen s'est elle de nouveau prononcée pour une dissolution de l'Assemblée nationale.
Avec AFP.
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