Les utilisateurs des transports en commun des zones urbaines font partie des populations les plus touchées par le stress généré par les déplacements quotidiens.
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Santé

Santé mentale : 4 Français sur 10 souffrent de leurs trajets quotidiens

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Une étude récente démontre les conséquences nocives que peuvent avoir les mobilités quotidiennes sur la santé mentale, une question longtemps restée un "angle mort" des connaissances sur le bien-être psychologique. 

Ils font partie de notre quotidien et peuvent le rendre fou. Nos trajets journaliers ont des conséquences sur notre santé mentale, révèle un rapport inédit de l’Institut Terram, qui se consacre à l’étude des territoires, et l’association Alliance pour la santé mentale. 

En tout, ce sont 4 Français sur 10 qui déclarent que leurs déplacements sont cause de syndromes dépressifs, de troubles du sommeil, et même de violentes colères. Le rapport souligne que "l’impact de la mobilité sur notre santé – en particulier mentale – reste largement négligé, souvent éclipsé par des considérations techniques ou économiques".

Aussi nocifs que les troubles du sommeil

Alors que la santé mentale prend de plus en plus de place dans le débat public, les conséquences des transports sur celle-ci restent "un des angles morts les plus persistants" des connaissances sur le sujet. 

Les chiffres sont pourtant impressionnants. 41 % des personnes ayant connu des symptômes dépressifs au cours de leur vie estiment que leurs trajets quotidiens ont joué un rôle dans la dégradation de leur santé. Il s’agit de la même proportion que les personnes touchées par des troubles du sommeil. 

Les difficultés liées au transport varient en fonction du lieu de vie des Français. Bien qu’ils parcourent en moyenne 12 km de plus chaque jour et qu’ils font face à une offre de transport moins variée, les habitants des zones rurales sont moins impactés par cette problématique que les urbains. 

Ces derniers sont 39 % à déclarer "une source d’anxiété liée à leurs déplacements", contre 30 % des ruraux. Les citadins sont en effet plus exposés aux imprévus, tels que les grèves, les pannes, les retards et les embouteillages, souligne "ici". Les habitants des zones rurales sont en revanche davantage à considérer que l’impact des transports sur leurs finances est trop élevé – 43 % contre 35 %. 

Un sentiment d'insécurité

L’impact des mobilités quotidiennes dépend aussi du profil de l’utilisateur. L’étude relève que "les transports agissent comme un amplificateur discret de vulnérabilités structurelles". Les jeunes femmes sont notamment 56 % à se sentir en insécurité dans les transports en commun, contre 43 % en moyenne.

Les parents célibataires sont également très touchés par des situations génératrices de "fatigue mentale", de "stress" ou de "troubles du sommeil". 43 % d’entre elles associent les déplacements quotidiens à un épisode de colère intense, parfois associé à des gestes violents, contre 22 % des personnes sans enfant à charge. 

Enfin, les jeunes sont les plus concernés. 35 % des 18-34 ans estiment que leurs trajets quotidiens ont une incidence directe sur leur santé, alors qu’ils ne sont plus que 22 % entre 50 et 64 ans. 

La voiture encore très populaire

Le type de transport utilisé impacte aussi fortement la qualité de vie des Français. La voiture personnelle reste le moyen de transport privilégié des Français, qui sont 80 % à l’utiliser quotidiennement. 

Si la moitié des utilisateurs des transports en commun se déclarent stressés, ce type de mobilités peut se révéler bénéfique lorsqu’il est couplé à des modes de déplacement actifs, comme la marche ou le vélo. Les trois quarts des personnes qui intègrent ces habitudes dans leur quotidien déclarent y voir un aspect positif sur leur santé mentale. 

L’étude souligne que "les mobilités actives (...) établissent (...) une relation plus directe, plus corporelle à l’espace traversé, ainsi qu’une activité physique qui peuvent devenir source d’apaisement, de rythmicité et de plaisir et participent d’une bonne santé mentale".