La mise à jour des horloges atomiques est un moment sensible, puisque tout le réseau informatique mondial doit être synchronisé.
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Climat

Comment le réchauffement climatique impacte notre mesure du temps ?

Les effets de la fonte des glaces vont se ressentir directement sur nos horloges. D'après une étude, le réchauffement climatique ralentit la rotation de la Terre, ce qui impacte directement la manière dont les scientifiques mesurent le temps.

La Terre ralentit. Et d’après une étude publiée le 27 mars dans la revue Nature, c’est la fonte de l’Antarctique et du Groenland qui en serait la cause. “Lorsque la glace fond, l'eau se répand dans l'ensemble de l'océan. [...] Ce qui modifie la répartition des fluides à la surface et à l'intérieur de la Terre”, détaille l’auteur de l’étude Duncan Agnew, géophysicien à la Scripps Institution of Oceanography de La Jolla, en Californie, auprès de Nature.

L’effet ralentisseur de la fonte des glaces n’est pas une découverte pour la sphère scientifique. Mais avec son étude, Duncan Agnew cherche à montrer l’ampleur de l’impact de cette fonte, qu’il a pu observer grâce à des satellites. Il la désigne comme “un changement encore jamais vu.” Ce ralentissement a une conséquence directe : notre mesure du temps

Coordonner horloges atomiques et astronomiques

Pour mesurer le temps, l’humain s’est basé sur la rotation de la Terre pendant des siècles. Mais en 1967, les choses changent et on commence à calculer l’heure en fonction du Temps Universel Coordonné, le TUC. Celui-ci est basé sur les mesures d’horloges atomiques ultra-stables, qui donnent l’heure dans le monde entier, mais permettent aussi aux infrastructures numériques, telles que la navigation par satellite, d’être extrêmement précises. 

Cette nouvelle méthode reste liée au temps astronomique, calculé à partir de la rotation de la Terre, pour des raisons historiques. Cependant, les deux ne coïncident pas parfaitement. En 1972, il est donc décidé qu’une seconde intercalaire doit être ajoutée au temps atomique, à chaque fois que le décalage entre les deux méthodes approche 0,9 seconde. La dernière en date était en 2016.

En 2022, la Conférence générale des poids et mesures constituée de scientifiques et représentants de plusieurs gouvernements réunis avait décidé de supprimer la seconde intercalaire d’ici 2035. “Les détails concernant la nouvelle tolérance, la date exacte de mise en œuvre et la procédure, seront décidés lors de la prochaine CGPM en 2026", précise Patrizia Tavella, responsable du Temps Universel Coordonné au Bureau International des Poids et Mesures. Elle ajoute que les experts en métrologie travaillent à préparer une proposition qui puisse répondre aux besoins des utilisateurs et à l'utilisation correcte des normes métrologiques internationales.

Retirer une seconde au lieu d’en ajouter une

Mais l’enjeu de la fonte des glaces change la donne. Et plutôt que d’ajouter une seconde, il va falloir en soustraire une. Un passage à la seconde négative devra donc être utilisé en 2029, contre 2026 dans le cas où les effets du réchauffement climatique auraient été moindres. “Si cela se confirme, cela pourrait être une bonne nouvelle, car nous aurons plus de temps pour étudier et prendre une décision judicieuse sur l'avenir de l'UTC”, commente Patrizia Tavella.

La mise à jour des horloges atomiques est un moment sensible, puisque tout le réseau informatique mondial doit être synchronisé. Les risques de panne dans les télécommunications, la distribution d’énergie, la finance et la géolocalisation sont importants, d’autant plus que le changement sera négatif, pour la première fois. En France, les opérations boursières, notamment, se basent sur ce temps atomique.