Le premier pôle d'émissions de gaz à effet de serre des Français est l'alimentation.
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Climat

De quoi se compose l’empreinte carbone d’un Français ?

On estime l’empreinte carbone moyenne d’un Français à 9,4 tonnes de CO2 par personne et par an. Mais de quoi cette donnée est-elle composée ? 

Quasiment 10 tonnes de CO2 par personne. Telle est l'empreinte carbone annuelle moyenne d’un Français aujourd'hui. Une consommation encore très élevée par rapport aux objectifs de décarbonation. 

Pour respecter l’Accord de Paris, elle devrait être divisée par 5 "d’ici 2050-2070", malgré une nette diminution depuis les années 90. "Elle est inférieure de 13 % en 2023 à son niveau de 1990. Compte tenu de l’augmentation de la population sur la période, l’empreinte carbone moyenne par habitant est quant à elle inférieure de 26 % par rapport à 1990", peut-on lire dans le rapport 2025 sur l’état de l’environnement en France, publié par le ministère de la Transition écologique. 

Empreinte carbone et mondialisation 

Les trois principaux pôles d’émissions de gaz à effet de serre des Français sont l’alimentation (2,3 tonnes de CO2, soit 24 %), l’habitat (2,2 tonnes, soit 23 %) et les déplacements (2,1 tonnes, soit 22 %). 

Ses émissions sont le résultat de choix individuels et de décisions de la part des acteurs économiques et des pouvoirs publics. En effet, bien que ces données soient exprimées en tonnes par habitant, cela ne signifie que les Français ont la main libre sur leur empreinte carbone. 

Si certains choix individuels peuvent aider à réduire ce bilan, comme diminuer sa consommation de viande et éviter de prendre l’avion, une partie de ces émissions sont le résultat de décisions d’acteurs publics et privés. 

Le calcul de l’empreinte carbone prend également en compte les émissions importées, c’est-à-dire que la "totalité des émissions de gaz à effet de serre nécessaires à la production d’un bien ou d’un service" consommé en France sera comptabilisée. 

Ainsi, pour un smartphone acheté en France, les émissions des matières premières extraites en République démocratique du Congo, de l’assemblage en Chine et du transport jusqu’en Europe seront prises en compte. 

La consommation de viande épinglée 

L’alimentation est en moyenne le premier secteur d’émissions des Français. Cette position résulte en grande partie de l’importante consommation de viande du pays, qui participe au rejet"de méthane issu de la digestion des ruminants, de protoxyde d’azote provenant des engrais utilisés pour les cultures agricoles, de dioxyde de carbone issu de la consommation d’énergie par les industries agroalimentaires, les services de restauration, le transport, le matériel agricole", liste le rapport. 

Les émissions dues au logement s'expliquent par les équipements de chauffage présents dans les habitations. Le gaz et le fioul sont les sources d’énergie au bilan carbone le plus élevé. Le ministère de la Transition écologique propose 2 solutions principales : "l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments" et "la décarbonation de l’énergie utilisée pour le chauffage (en réduisant par exemple le parc de chaudière au fioul)".

Pour aller plus loin :  L’écologie à la maison” 

Enfin, les émissions dues aux déplacements proviennent essentiellement "des carburants des équipements de transport individuel". Le rapport souligne la lenteur de la progression dans ce domaine, malgré les avancées technologiques du secteur. Celles-ci sont toutefois annulées par "l’accroissement du trafic, lié à l’augmentation de la population, mais aussi à celle des distances parcourues par personne".

À eux seuls, ces 3 pôles représentent 69 % de l’empreinte moyenne des Français. Viennent ensuite les services, tels que l’administration, la santé et l’éducation (12 %), sur lesquels les individus n'ont quasiment pas la main, puis les équipements (11 %).

L'empreinte carbone moyenne des Français résulte d'un mélange de choix individuels et de décisions de la part des acteurs économiques et des pouvoirs publics.
©Ministère de la Transition écologique

Une empreinte variable selon le revenu 

Il est par ailleurs important de garder en tête que l’empreinte carbone par habitant est une moyenne. Les habitudes personnelles des Français ne sont donc pas représentées. Certains groupes de population ont cependant des empreintes plus vertes que d’autres. 

Dans une étude de 2023, l’ADEME relève que si l’empreinte carbone est assez homogène entre les régions du territoire français, elle ne l'est pas du tout en fonction du revenu. Les Français dont les revenus mensuels sont inférieurs à 750 euros ont une empreinte de 7 tonnes de CO2 par an, tandis que ceux qui touchent un revenu supérieur à 6 500 euros atteignent les 12 tonnes annuelles. 

Cette disparité est notamment due à l’accès plus ou moins large à des biens et services chers et polluants, comme changer de matériel informatique très régulièrement ou s’offrir un voyage en avion. D’après la Fondation Jean Jaurès, un tiers des Français n’a jamais emprunté ce moyen de transport.