Les salariés de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) sont soulagés. L’Assemblée nationale a voté en faveur de la conversion de la centrale thermique du charbon vers le biogaz mardi 8 avril peu après minuit.
La centrale, dont la fermeture était annoncée pour 2027, continuera d'employer ses 150 salariés. Leur contrat a pour l’instant été prolongé jusqu’en août. En tout, ce sont 500 emplois, directs et indirects, qui espèrent être sauvés par ce plan.
Une fermeture espérée pour 2022
Lors de sa campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait plusieurs fois répété son objectif de fermer les 4 dernières centrales à charbon françaises d’ici 2022. La loi Énergie et Climat, adoptée en novembre 2019, prévoyait de plafonner leur durée de fonctionnement. Le but était de réduire leur rentabilité, menant ainsi à leur fermeture.
Depuis, les installations du Havre (Seine-Maritime) et de Gardanne (Bouches-du-Rhône) ont fermé leur porte. Ce n’est toutefois pas le cas de celles de Saint-Avold et de Cordemais (Loire-Atlantique). Si elles ne produisent pas énormément d’énergie, ces dernières sont encore très sollicitées en hiver, lors des pics de consommation.
L'utilisation du charbon n’a jamais été aussi faible en France. En 2023, elle chutait de 23 %, après avoir déjà diminué de 10 % l’année précédente. D’après le ministère de la Transition écologique, "la consommation pour la production d’électricité et de chaleur a fortement diminué avec la meilleure production des filières nucléaires et renouvelables". Aujourd’hui, seul 0,2 % de l’électricité française est produite à partir de cette ressource.
Démantèlement et potentielle réhabilitation
Le 31 mars 2021, la centrale à charbon du Havre était déconnectée du réseau électrique de la ville. Cela faisait néanmoins une vingtaine de jours qu’elle ne produisait plus d'électricité, faute de charbon. Inaugurée en 1968, elle comptait encore 150 salariés.
Une possible reprise avait été discutée un an après sa fermeture mais s’était clôturée par un échec. Résultat : EDF poursuit les opérations de démantèlement de la centrale qui "devrait nécessiter une dizaine d’années". Son objectif est de "réhabiliter le site et le rendre disponible pour un nouvel usage".
Une centrale de biomasse
Le sort de la centrale havraise reste exceptionnel, les autres sites se tournant plutôt vers des reconversions. Ainsi, la centrale de Gardanne, arrêtée à l’été 2021, a été reconvertie dans la biomasse. Ce procédé consiste à remplacer le charbon dans le processus de combustion par des matières "naturelles", comme le bois.
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La centrale est cependant au centre de mobilisations sociales depuis plusieurs années. France Nature Environnement la qualifie de "véritable non-sens économique et social" aux "conséquences désastreuses sur l’environnement". Elle soutient que ses rendements sont mauvais et que sa taille démesurée impose une pression catastrophique sur la forêt méditerranéenne sans prendre aucune mesure de respect et de renouvellement de celle-ci.
Ces dernières années, la centrale a fonctionné de manière très irrégulière et a été plusieurs fois arrêtée. Alors que son autorisation de redémarrage était remise en cause par le Conseil d’État en mars 2023, l’État signe un nouveau contrat en décembre 2024 avec GazelÉnergie, la société de gestion du site, possédée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
À Cordemais, en Loire-Atlantique, l’option de la biomasse a longtemps été sur la table pour espérer sauvegarder les emplois. Mais en septembre dernier, la direction d’EDF annonce que "les conditions technico-économiques n’étaient pas réunies". La société envisage de transformer l’installation en "usine de préfabrication de tuyauteries" destinées à l’industrie nucléaire. Si le nouveau site peut embaucher une centaine de salariés, les compétences requises risquent d’être bien éloignées de celles des employés actuels de la centrale.