Réchauffement, changement ou dérèglement climatique ? Et pourquoi pas bouleversement climatique ? Difficile de s’y retrouver tant les dénominations du phénomène sont multiples.
Dans son rapport annuel sur l’état de l’environnement en France, le ministère de la Transition écologique propose l’appellation "bouleversement climatique". Cette expression permettrait de mettre l’accent sur les profondes variations locales du processus en cours, plutôt que sur un réchauffement "global et tendanciel".
Ne pas confondre météo et climat
En décembre 2017, Donald Trump, président des États-Unis depuis moins d’un an, écrivait ces mots sur ce qui était encore appelé Twitter : "Dans l'Est, cela pourrait être la veille du jour de l'an LA PLUS FROIDE jamais enregistrée. Peut-être pourrait-on avoir un peu de ce bon vieux réchauffement climatique pour lequel notre pays, et aucun autre, s’apprêtait à payer des TRILLIONS DE DOLLARS afin de s’en protéger. Couvrez-vous !"
In the East, it could be the COLDEST New Year’s Eve on record. Perhaps we could use a little bit of that good old Global Warming that our Country, but not other countries, was going to pay TRILLIONS OF DOLLARS to protect against. Bundle up!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 29, 2017
Il reprenait ici un leitmotiv des milieux climatosceptiques : le réchauffement climatique n’existe pas puisqu’il arrive, à certains moments et dans certains lieux, d’avoir plus froid que lors des saisons précédentes.
À l’époque, la climatologue du GIEC Valérie Masson-Delmotte avait réagi sur France Info en expliquant que Donald Trump "confond la météo, localement et instantanément, et le climat, c'est-à-dire l'évolution à l'échelle de la planète et sur le long terme."
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Concrètement, la chercheuse rappelle que le phénomène de réchauffement de la planète est un mécanisme mesuré à échelle mondiale. Ainsi, toutes les régions du monde ne sont pas affectées de la même manière. C'est d'ailleurs pour cette raison que si les scientifiques "prévoient un réchauffement planétaire de + 3 °C au niveau mondial" d’ici la fin du siècle, la France doit plutôt se préparer à + 4 °C, note le rapport 2024 du ministère de la Transition écologique.
Des variations d’une année sur l’autre
De la même façon, les variations peuvent également être temporelles. Ainsi, il arrive qu’une année soit plus froide que la précédente, même si la tendance se dirige vers un réchauffement général.
L’hiver 2010 avait par exemple été marqué par des chutes de neige très intenses en France métropolitaine. Celles-ci étaient dues à un phénomène météorologique local, le décrochage polaire. En clair : le processus de réchauffement général n’est pas exempt de quelques hivers neigeux et printemps grisâtres.
Au-delà de risquer d’alimenter la confusion entre météo et climat, l’utilisation de l’expression "réchauffement climatique" concentre le problème sur l’augmentation de la température. Or il est important que le grand public ait en tête que ce phénomène a d’autres conséquences que l’intensification des vagues de chaleur.
Ces débats terminologiques soulignent l’importance des mots dans la création d'un imaginaire collectif. La communauté scientifique rejette ainsi l’utilisation de "dérèglement climatique", qui sous-entendrait que le climat est "réglé".
En Allemagne, le terme "Klimakrise", littéralement "crise climatique", se répand de plus en plus, au détriment du terme traditionnel "Klimawandel" ("changement climatique"). Il est notamment porté par les médias, les militants et les figures politiques mobilisés pour l’action climatique afin de créer un sentiment d’urgence auprès de la population.