"À l'échelle mondiale, 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée et la première où la température moyenne a dépassé de 1,5 °C le niveau de l'ère préindustrielle."
Ce constat a été établi par le Service Copernicus sur le changement climatique (C3S) dans son bilan annuel sur l’état du climat en Europe, réalisé en partenariat avec l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
La centaine de scientifiques ayant travaillé sur le rapport relève que l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Les principales causes de ce phénomène sont la "proportion de terres européennes situées dans l’Arctique, la région de la planète qui se réchauffe le plus vite" et "les vagues de chaleur estivales plus fréquentes".
Des inondations mortelles
L’Europe a connu, en 2024, ses plus importantes inondations depuis 2013, principalement causées par des "précipitations intenses et prolongées". Quasiment un tiers du réseau fluvial européen a débordé cette année, dépassant largement la moyenne européenne, établie à 20 %.
Ces inondations répétées ont eu un coût humain et matériel très important. Elles ont affecté 413 000 personnes, causant la mort de 335 d’entre elles, et ont coûté 18 milliards d’euros.
Valence, en Espagne, est la région européenne la plus meurtrie par les inondations en 2024. "L'air chaud et humide de la mer Méditerranée a été poussé vers la côte espagnole, créant de puissantes tempêtes." Le 29 octobre, le sud-est de la ville est englouti par une vague de boue. Bilan : 232 morts et 16,5 milliards d’euros de dégâts.
L'Europe centrale a par ailleurs été durement touchée par la tempête Boris. Entre le 12 et le 16 septembre est tombé l’équivalent de trois mois de pluie, entraînant le débordement des cours d’eau. Le bassin supérieur du Danube a connu "de très loin" le total de précipitations sur 5 jours le plus important jamais enregistré.
Des vagues de chaleur sans précédent
En parallèle, il n’a jamais fait aussi chaud en Europe et dans le monde. Entre juin et septembre, 43 jours sur 97 ont été marqués par des vagues de chaleur.
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En Europe du Sud-Est en particulier, celles-ci ont atteint des niveaux jamais vus. Copernicus relève 37,3 jours de "fort stress thermique", qui correspondent aux jours durant lesquels la température ressentie était d’au moins 32 °C, ainsi que 14,5 nuits "tropicales", durant lesquelles la température n’est pas descendue en dessous de 20°C. Des records absolus.
Le nord de l’Europe a quant à lui été massivement touché par la fonte des glaces, l’Arctique enregistrant son troisième été le plus chaud. Les glaciers de Scandinavie et du Svalbard n’ont d’ailleurs jamais perdu autant de masse glaciaire qu’en 2024. L’archipel norvégien a enregistré un nouveau record de température, dépassant les normales de saison de 2,58 °C, bien au-delà des températures enregistrées pendant l’été 2023 (+ 1,66 °C).
+ 1,5 °C atteint pour la première fois
À l’inverse, l’Islande et la côte ouest du Groenland ont connu des températures estivales bien en deçà de ce qui est attendu à cette période de l’année. Reykjavik a même enregistré son été le plus froid depuis 1992. Un exemple criant des bouleversements générés par le changement climatique, dont les conséquences sur la température terrestre ne sont pas uniformes.
À échelle globale, celle-ci est en forte augmentation et dépasse pour la première fois 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Le GIEC estime qu'une augmentation de cet ordre entraîne 30 000 décès prématurés par an rien qu’en Europe, principalement à cause des fortes chaleurs.
Il s’agit d’un seuil très symbolique, puisqu’il correspond à l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris, qui préconise de limiter "l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C (…) en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C" d’ici à la fin du siècle.
Dans son troisième Plan d’adaptation au changement climatique (PNACC) prévu pour le début de l’été, le gouvernement a retenu le seuil de + 4 °C d’ici 2100.