"A l'époque à laquelle on vit, on essaye de faire attention" à la durée de vie des objets, explique à l'AFP ce retraité rencontré chez Darty et qui, comme de nombreux Français, déclare se fier à l'étiquette de réparabilité pour faire son choix.
Lave-linge, smartphone, télévision, tondeuse à gazon, aspirateur... Huit produits sont soumis à l'affichage de cet indice, mis en place dans le cadre de la loi antigaspillage (Agec) de 2020, qui informe le consommateur sur le caractère plus ou moins réparable de son achat.
Mais cette petite étiquette, que la France a été le premier pays à avoir mis en place, parvient-elle à orienter le comportement des acheteurs vers des biens plus durables ? Oui, à en croire les études menées sur le sujet.
Des consommateurs sensibilisés
Entre janvier 2021 et décembre 2022, en moyenne, les ventes de produits réparables ont augmenté par rapport aux produits moins réparables, montre une étude de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP), basée sur les données de ventes de Darty et Boulanger.
Par exemple, les lave-vaisselle notés plus de 8/10 ont connu une augmentation de 30 % de leurs ventes entre 2022 et 2023, selon des chiffres du syndicat professionnel des marques d'électroménager, le Gifam, communiqués à l'AFP.
Dans le cas des ventes en ligne, l'introduction de l'indice de réparabilité le 1er janvier 2021 a eu pour effet direct une hausse des ventes des produits les plus réparables, selon la DITP. En clair, les consommateurs sont sensibles à cette nouvelle information et en tiennent compte pour choisir.
"La durabilité de l'appareil" est aujourd'hui "l'un des trois premiers critères de choix" du consommateur avec le prix et les fonctionnalités, abonde Régis Koenig, directeur réparation et durabilité chez Darty. Et pour "le gros électroménager, c'est le premier critère".
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"Ça plante une graine"
Si les études s'accordent sur le fait que l'indice est globalement un succès, un rapport de la commission du développement durable de l'Assemblée nationale (AN) tempère en pointant "une certaine difficulté des Français à s'approprier" la notion de "réparabilité", "peu parlante" et renvoyant "à une activité technique ou de 'bricolage'".
Depuis janvier, les téléviseurs sont soumis à un nouvel indice, de "durabilité", qui vient remplacer celui sur la réparabilité. D'autres appareils suivront, à commencer par les lave-linge en avril. Avec l'espoir que ce nouvel indice incluant de nouveaux critères comme la fiabilité et la robustesse, soient mieux compris.
La vigilance accrue des consommateurs pousse les fabricants à modifier leurs pratiques pour améliorer la notation de leurs produits, souligne la commission du développement durable de l'AN, en s'appuyant sur une étude de l'Ademe, l'Agence de la transition écologique.
"Par exemple, Samsung met dorénavant l'ensemble de sa documentation à disposition des réparateurs (...) et Apple a modifié la conception de l'iPhone 15 afin de le rendre plus facilement réparable", détaille la commission.
Bientôt plus de produits concernés ?
Reste à savoir si, en bout de chaine, les consommateurs feront l'effort d'aller faire réparer leur appareil s'il tombe en panne. Pour l'instant, il est difficile d'établir un lien entre la croissance des ventes de produits réparables et la hausse des réparations.
"Le simple fait d'introduire un indice de réparabilité, en gros, à côté du prix (...), ça plante une graine", estime M. Koenig, qui veut croire que cette nouvelle étiquette aboutira à un réflexe de non-remplacement systématique des produits cassés.
Compte tenu de l'efficacité de cet indice, Flavie Vonderscher, responsable du plaidoyer pour l'association "Halte à l'obsolescence programmée" (HOP), souhaiterait le voir appliqué à plus de produits, comme les bouilloires, les enceintes ou les écouteurs, pour que la durabilité "rentre vraiment dans le quotidien des Français".
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Avec AFP.