C'est dans le parc verdoyant du palais présidentiel que le chef de l'Etat a accueilli vers 11H15 ces Français venus des quatre coins du pays qu'il avait chargés l'an dernier de réfléchir à un paquet de solutions contre le réchauffement climatique.
Arrivés à pied, les membres de la CCC se sont assis, à distance des uns des autres en raison du coronavirus, face à un pupitre blanc dressé au milieu de la vaste pelouse. Beaucoup d'entre eux immortalisent cette première visite à l'Elysée en faisant des selfies.
Cette rencontre prévue de longue date intervient quelques heures après le choc provoqué par les victoires des écologistes dans plusieurs grandes villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Marseille.
Estimant que la "vague verte" de dimanche constitue un "baromètre de l'état d'esprit des Français" et montre que "l'écologie est au coeur de leurs préoccupations", le chef de l'Etat fera "un discours très offensif" avec "une ambition écologique affirmée", qui sera décisive pour la suite, selon ses proches. "Ce que j'attends, c'est une trajectoire", a déclaré Grégoire Fraty, l'un des 150, à l'Elysée. "Un aboutissement? Sûrement pas. C'est la fin de la saison 1, la saison 2 commence".
La réunion a été introduite par Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, qui a salué une "innovation majeure pour notre démocratie" menée par les 150 qui "ont fait preuve d'un engagement sans faille et ont démontré qu'ils voulaient agir pour leur pays". Six membres de la CCC tirés au sort ont ensuite pris la parole pour défendre les 149 propositions nées de leurs travaux.
Le chef de l'Etat se sait très attendu. En premier lieu par les 150 membres de la CCC qui ont pris au sérieux cet exercice inédit de démocratie participative qu'ils ont mené depuis l'automne dernier. "C'est maintenant qu'il doit agir", a déclaré dimanche au JDD Laurence Tubiana, qui a coprésidé le processus.
Sur le plan politique, la principale inconnue concerne un éventuel référendum, qui serait le premier à se tenir en France depuis celui qui avait vu la victoire du "non" sur la constitution européenne en 2005. Mais, a prévenu l'Elysée, les travaux de la CCC "ne se résument pas à la question réferendaire".
"Khmers verts"
La Convention a appelé l'exécutif à soumettre à référendum l'introduction de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution et la création d'un crime "d'écocide". Mais cette piste ne recueille guère de soutiens dans la classe politique, notamment au sein de la majorité, qui plaide plutôt pour une consultation sur des propositions plus concrètes de la Convention.
L'une d'elle fait particulièrement débat: la réduction de la vitesse maximale sur les autoroutes de 130 à 110 km/h. Deux ans après la polémique sur les 80 km/h, elle est la seule à être massivement rejetée par les Français, selon des sondages. Ainsi, si 62% des personnes interrogées la semaine dernière par Odoxa approuvent globalement les propositions, elle est décriée par 74% d'entre elles. "C'est une proposition sur 149, donc si on voulait cristalliser l'opinion on ne s'y serait pas mieux pris", a également dénoncé sur Europe 1 le réalisateur Cyril Dion, "garant" de la CCC. "On se fait traiter de khmers verts, de vouloir une dictature écologique", a-t-il regretté.
Dans leur rapport, les membres de la Convention reconnaissent que certaines de leurs propositions "peuvent sembler extrêmes", mais avertissent qu'elles risquent d'être "encore insuffisantes pour atteindre l'objectif de réduction d'au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030" que leur avait fixé l'exécutif.
Si elles sont retenues, leurs propositions auront un impact sur la vie économique et quotidienne puisqu'elles portent sur la rénovation thermique globale et obligatoire des bâtiments, la réduction de la place de la voiture individuelle, la taxation de l'alimentation ultra-transformée ou l'interdiction des semences OGM ou des terrasses chauffées... M. Macron se retrouve devant des choix difficiles, qui s'ajoutent à ceux, extrêmement onéreux, qu'il doit prendre pour sortir la France de la récession dans laquelle l'a plongée la crise du Covid-19.
Avec AFP.
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